SAMOS. – Héraion - 2009

Après une interruption d’une dizaine d’années, les fouilles ont repris dans le sanctuaire d’Héra à Samos, l’un des sanctuaires les plus importants d’Ionie antique, dans lequel les recherches allemandes remontent à 1923. Le nouveau programme de recherche comporte deux volets : l’habitat du Bronze Ancien avant l’installation du sanctuaire d’une part, les origines du sanctuaire d’autre part.

L’habitat du Bronze Ancien. – L’habitat du Bronze Ancien appartient au type d’habitat proto-urbain connu en Égée orientale à Troie, à Poliochni à Lemnos et à Thermi à Lesbos. Des vestiges de cette occupation ont déjà été trouvés à l’Héraion, mais ils n’ont été que partiellement publiés. En plus de l’exploitation des données des fouilles anciennes, le programme comprend également une prospection géophysique et de nouveaux sondages. Après la prospection effectuée sur l’ensemble du secteur, des sondages ont été effectués au Nord de la Voie Sacrée, là où des vestiges du Bronze Ancien — qui devaient être plus importants que ce qui avait été estimé au départ — avaient été mis au jour en 1980/81.

Des traces de l’habitat du Bronze Ancien ont été identifiées sur une superficie de 60 m², dans quatre couches d’occupation de l’époque romaine impériale (II^e s. – IV^e apr. J.-C.), à côté de quelques vestiges de murs effondrés, sous un fragment de plinthe d’une korè chypriote en calcaire du VII^e s. av. J.-C., une des plus grandes offrandes de ce type au sanctuaire d’Héra (fig. 1). À un niveau inférieur, deux couches du Bronze Ancien (2750 -2550/2500 av. J.-C.) ont livré la partie supérieure du mur Est d’une maison trapézoïdale à deux pièces, orientée Nord-Ouest/Sud-Est, ainsi qu’une maison rectangulaire à deux pièces au moins, orientée Est-Ouest et dans laquelle on a trouvé de la céramique sur le sol de terre et de cailloutis, notamment des ustensiles de cuisine et de broyage ainsi que des vases de stockage (fig. 2). Une terrasse en terre rouge sur laquelle étaient fondées ces constructions formait la couche la plus ancienne. Celle-ci était nécessaire pour protéger l’habitat des eaux de l'Imbrasos vers le Nord.

Le sanctuaire. – La troisième mise au jour (après 1963 et 1984) de l’ « arbre de culte », trouvé dans le dallage de l’autel 3 de la seconde moitié du VIII^e s. av. J.-C., a montré que, contre l’hypothèse de H. Walter, selon laquelle il s’agirait de l’arbre de culte de l’Âge du Bronze constituant le cœur du sanctuaire, et contre celle de H. Kienast, selon laquelle l’arbre aurait poussé accidentellement à cet endroit à l’époque archaïque, la souche n’appartient à aucun arbre adulte qui se serait développé à cet endroit, puisqu’elle n’a plus aucune racine ; en revanche, des traces de coupe sont visibles dans sa partie inférieure. La souche a donc été déposée à cet endroit. Par ailleurs, après avoir temporairement retiré la souche, on a mis au jour un pavement de dalles de calcaire, sur lequel reposaient des coupes minoennes renversées - un type de découverte attesté dans les sanctuaires minoens de Crète. Ceci atteste que, de même que le sanctuaire d'Athéna à Milet, le sanctuaire d'Héra à Samos avait une origine minoenne.

Des sondages ont été effectués au Sud et à l’Est du grand autel pour vérifier l’existence ou non d’autres vestiges du sanctuaire de l’Âge du Bronze (fig. 3). Au Sud, le sondage n’a livré que des racines, indiquant la présence du bois sacré d’Héra. Dans le sondage à l’Est, sous des couches datant de l'Antiquité tardive et de l'époque romaine, de nombreuses offrandes ont été découvertes en rapport avec la construction de l’« autel de Rhoikos » en 560 av. J.-C., notamment des figurines en terre cuite, en calcaire, en bronze et en faïence d’origine grecque, chypriote ou proche-orientale, comme la statuette en bronze de Babylone, représentant un homme barbu avec un chien (fig. 4). Les niveaux inférieurs correspondent aux couches d’inondations de l’Imbrasos ; trois pavements ont été mis au jour, sans mobilier significatif.