STAGEIRA - 1996
Anc. Stageira, Stageira antique
Les campagnes de 1994, 1995 et 1996, dont les résultats sont présentés dans ΑΕΜΘ 8 (1994) [1998], p. 275-287 ; 9 (1995) [1998], p. 383-393 ; 10A (1996) [1997], p. 279-295 [K. Sismanidis], ont porté sur quatre secteurs principaux.
Remparts. — Sur la colline Sud (fig. 1) on a mis au jour de nouveaux segments du rempart classique. Le parement intérieur du mur Sud a été dégagé sur toute sa longueur, depuis la tour ronde du sommet de la colline jusqu'au mur Est. Cet dernier, qui tourne à angle droit vers le Nord (en direction de la mer), a été suivi sur 31 m de long. Le mur Ouest, dégagé sur 18 m de long, a été très endommagé par la construction de la route moderne.
Sur la colline Nord on a poursuivi l'exploration du rempart tardo-classique, dont la branche Ouest a été dégagée sur une vingtaine de mètres (v. BCH 120 [1996] Chron., p. 1262) ; la diminution de son épaisseur (de moitié) sur 6 m de long suggère la présence de trois espaces fermés contre son parement intérieur.
Sur la même colline, les fouilles de 1996 ont apporté des précisions sur le tracé du rempart archaïque, qui correspond exactement à celui du diateichisma byzantin, auquel il sert de fondation. À l'endroit où il est mieux conservé (1,50 m de haut), on a dégagé une porte qui correspond probablement à la porte principale de la ville archaïque : son linteau, qui était tombé, est un grand relief en marbre représentant un sanglier — emblème de la ville — affrontant un lion (fig. 2) ; sur ses deux extrémités, seules retrouvées, est partiellement conservée une inscription archaïque boustrophédon relative à des dispositions fiscales.
Dans le même secteur, la fouille a mis au jour un grand bâtiment absidal (9 x 10 m) d'époque hellénistique, soigneusement appareillé, dont le caractère public est suggéré par la présence d'un grand nombre de tuiles timbrées BA. Une dédicace archaïque (Κάρ[ανος] │ καλὸς │ Πυθογέν[ους] │ ἔδοκε) remployée dans sa construction, est à mettre en relation avec l'inscription Μελίτων καλὸς │ Ἤδωνος (ν. BCH 103 [1979], p. 317 : Ἠδ(ώ)νης ?), jadis incorporée au rempart byzantin. Du côté intérieur de ce bâtiment, on a dégagé une aire dallée (4,20 x 4,70 m) avec un espace vide au centre (1,20 x 1,70 m) — rue ou autel ? — qui date apparemment de l'époque archaïque et doit être en rapport avec la porte ou le temple de la même période (v. infra) découvert un peu plus au Nord.
Acropole. — Les investigations ont porté sur le mur Est du péribole triangulaire, où deux constructions rectangulaires en forme de tour, contemporaines du mur, ont été découvertes, l'une contre le parement intérieur, l'autre contre le parement extérieur de celui-ci. On a d'autre part trouvé de nombreuses tuiles et de grands pithoi in situ à l'intérieur des espaces délimités par les contreforts intérieurs du mur, ce qui suggère que ces espaces étaient couverts.
Bâtiments publics. — Dans la région de l'agora, située sur l'ensellement qui sépare les deux collines, on a achevé le dégagement du portique classique. À l'extrémité Est de sa façade, une rue dallée part en biais vers le Sud, rencontrant à 20 m de là une autre rue dallée d'orientation Est-Ouest, qui se dirige vers la mer. Cette dernière est bordée au Nord par un complexe de bâtiments publics qui s'organise sur trois niveaux, englobant des magasins et des ateliers. À 100 m au Sud-Est du portique on a partiellement dégagé un autre bâtiment, sans doute public lui aussi, en forme de Π.
Habitations. — Sur le flanc Est de la colline Nord, la fouille a mis au jour deux maisons classiques de part et d'autre d'une rue de 1,50 m de large, et un bâtiment à fonction probablement artisanale (pressoir ?). Entre autres trouvailles, on mentionne un grand nombre de timbres amphoriques, une centaine de balles de fronde en plomb inscrites et un modèle de siège en plomb (fig. 3).
Sanctuaires archaïques et temple. — Outre les deux sanctuaires de Déméter déjà connus (v. BCH 119 [1995] Chron., p. 967 et 120 [1996] Chron., p. 1264), on a repéré, en 1996, au sommet de la colline Nord, un grand temple archaïque, probablement hékatompédon, dont plusieurs blocs furent réutilisés dans la construction du fort byzantin. On en a dégagé un des longs côtés, conservé sur 30 m de long et 2,20 m de haut (six assises), et l'on en a retrouvé plusieurs éléments d'architecture (fragments de colonnes doriques, de corniche à palmettes et fleurs de lotus, de kymation ionique) et de sculpture : une tête masculine barbue provenant sans doute d'un fronton et une petite tête d'excellente facture (fig. 4) appartenant peut-être à une métope.
La presse signale d'autre part la découverte d'un habitat et d'une nécropole du début de l'époque classique à 1,5 km de la ville antique de Stageira.
Presse des 5 et 6.8.96.
Outre les résultats de la dernière campagne de fouilles à Stageira, le rapport de K. Sismanidis dans ΑΕΜΘ 10Α (1996) [1997], p. 279-295, donne un compte rendu synthétique des campagnes de 1990 à 1996. Un résumé de ces travaux est aussi publié, par le même auteur, dans Αρχαιολογία 63 (juin 1997), p. 61-65.
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 880-882
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