LEMNOS. – Koukonissi - 1995
Koukonisio
Sur cet îlot de la baie de Moudros aujourd'hui rattaché artificiellement au rivage, Chr. Boulotis (Centre de recherches sur l'Antiquité de l'Académie d'Athènes) a effectué, entre 1992 et 1995, en collaboration avec la XXe Éphorie des Antiquités préhistoriques et classiques, trois campagnes de fouille, dont il a bien voulu dresser pour nous le bilan provisoire.
Confirmant les résultats de la prospection préliminaire (v. BCH 118 [1994] Chron., p. 780), les sondages, ouverts sur le plateau sommital (alt. 10,06 m), dans la partie Nord de l'îlot, ont révélé une succession de niveaux d'occupation dont la chronologie s'échelonne entre le Bronze Ancien et l'époque mycénienne. Ceux du Bronze Récent, qui se trouvent à 0,10 m à peine sous la surface actuelle, ont notamment livré des figurines, qui plaident en faveur d'une véritable implantation mycénienne. La présence de l'homme aux époques ultérieures n'est attestée que par quelques tessons archaïques et plus récents.
Les vestiges architecturaux des diverses phases, dans un état de conservation remarquable (fig. 1-2), fournissent d'ores et déjà des indications sur l'organisation spatiale de l'habitat. Les mieux conservés sont ceux des niveaux du Bronze Moyen (correspondant à Troie V, au début de Troie VI et à la Période Brune de Poliochni), dont la couche de destruction, non perturbée, recèle une abondante céramique. Parmi ce matériel, il faut souligner la présence de céramiques importées, de Grèce continentale (mattpainted) mais aussi, semble-t-il, de Crète (fig. 3). Dans les niveaux sous-jacents, on a repéré des constructions contemporaines des dernières phases de Troie II et de la Période Jaune de Poliochni ; outre la céramique, elles ont livré plusieurs figurines, dont une d'un type rare (fig. 4). Des structures encore plus anciennes se dessinent au-dessous.
L'abondance et la qualité du matériel (céramique, lithique, osseux, métallique), en conjonction avec l'étendue de l'habitat et sa position géographique privilégiée — au fond de la baie la plus profonde et la plus sûre de l'île, à proximité des terres les plus fertiles, sur l'une des principales voies maritimes de l'époque reliant les côtes Ouest et les îles de l'Egée à la Troade — laissent présager l'importance de ce site préhistorique.
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