NÉMÉE ANTIQUE - 1998
Antiquité - Archaïque - Classique - Hellénistique - Romaine
Archaia Nemea, Iraklio (Previous)
La campagne de 1998, conduite par S. G. Miller, a essentiellement porté sur la rivière, dont il s'agissait de localiser le lit aux époques paléochrétienne et byzantine, avant d'y dévier le cours d'eau moderne afin d'assurer une protection optimale du sanctuaire de Zeus. Trois secteurs ont fait l'objet d'investigations.
1) Vestiges chrétiens. — À l'Ouest du temple de Zeus, sur la rive occidentale de la rivière, on a mis au jour, outre deux pithoi, les fondations d'un puissant mur qui délimitait un espace enduit de mortier hydraulique. Il pourrait s'agir d'une aire de foulage du raisin qui daterait de l'époque mésobyzantine.
Plus au Sud, sur la rive orientale de la rivière, on a fouillé les vestiges probables d'un tombeau familial bâti à l'aide de remplois, sans doute contemporain de l'aire de foulage. La structure, fortement perturbée lors du creusement du nouveau lit de la rivière en 1884, marque la limite septentrionale d'un cimetière en usage aux époques byzantine et paléochrétienne. Les vingt-huit tombes, pour la plupart à tuiles, découvertes cette année s'ajoutent aux trente-cinq sépultures dégagées naguère (v. BCH 101 [1977] Chron., p. 542) ; parmi elles, un certain nombre de tombes d'enfants. Seules deux sépultures contenaient une paire de boucles d'oreilles en bronze.
2) Rivière. — Une fouille a été entreprise sous le pont moderne (situé à l'Ouest du temple de Zeus), sous lequel se rejoignent les lits antique et moderne de la rivière. Ces travaux ont fourni des informations précieuses sur plusieurs points :
— Lits de la rivière : le lit d'époque paléochrétienne a été identifié à 1,60 m sous le niveau moderne. D'une largeur de 15,24 m (soit 4 à 5 fois celle du lit moderne), il était taillé dans le terrain naturel et comblé par des couches riches en matériaux organiques décomposés et en coquillages, qui attestent que la vallée, après une période d'aridité, se transforma en marécage. Les couches supérieures du canal ont livré des clous de fer provenant vraisemblablement d'un coffret en bois tombé dans la rivière, et une centaine de monnaies qui s'échelonnent entre le IVe s. av. et le XIIe s. ap. J.-C.
— Stade archaïco-classique : on a retrouvé, à l'Ouest de la rivière, la couche d'argile blanche partiellement dégagée à l'Est en 1997 (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 752), couche en grande partie coupée par le lit de la rivière à l'époque paléochrétienne. On a vérifié l'absence de rivière à cet endroit vers 500 av. J.-C. : le tracé du canal le plus récent semble suivre celui du stade archaïco-classique. À l'Ouest, la couche d'argile blanche remonte en direction du Nord, suivant la ligne du mur oriental de l'hérôon. La trouvaille de deux poids de sauteur à cet endroit atteste la proximité du stade ; l'un d'eux, fragmentaire, qui date des environs de 500, porte une inscription en partie conservée : « il m'a dédié à Zeus à Némée parce qu'il a remporté la victoire ».
— Géomorphologie : la vallée de Némée est en réalité une cuvette marécageuse où ne coulait aucune rivière naturelle. Le nom de Némée dérive du verbe νέμειν, faire paître, définissant une région trop marécageuse pour être cultivée et ne pouvant servir qu'au pacage des troupeaux. Ce serait une des raisons du choix du site pour le festival panhellénique : l'endroit était inhabitable l'hiver et suffisamment asséché l'été pour la célébration des Jeux.
3) Sanctuaire d'Opheltès. — Une tranchée Nord-Sud ouverte au centre du sanctuaire a révélé que l'enclos de 300 av. J.-C. (v. BCH 104 [1980] Chron., p. 595) succédait à un tumulus artificiel, antérieur sans doute de 250 ans. Les remblais du tumulus contenaient un grand nombre d'offrandes, en particulier de la céramique (un cratère et une œnochoé de production corinthienne datant de 550 environ, plusieurs skyphoi et autres vases à boire). En profondeur, la fouille a atteint des lits de graviers fluviatiles et des couches alluviales datées par la céramique de la période mycénienne (env. 1200 av. J.-C). Le fouilleur propose d'établir un rapport entre la découverte de cette rivière et la mort mythique d'Opheltès, déposé sur un lit de céleri sauvage, plante qui pousse en milieu humide.
Légende graphique :
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