GORTYNE - 1997
Gortyn
Fouilles de l'École italienne. — En 1996 et 1997 les fouilles se sont poursuivies, sous la direction d'A. Di Vita, dans la zone de l'agora et de l'odéon ainsi qu'aux abords du Prétoire.
1) Agora et odéon. — Une série de sondages a été pratiquée dans la partie Nord de l'agora, immédiatement au Sud de l'odéon, afin de compléter les données des fouilles menées par Halbherr dans ce secteur au début du siècle. Ces sondages ont mis au jour, dans l'angle Nord-Ouest de la place publique, à environ 3 m sous la surface actuelle, trois murs contemporains (1re moitié du IIe s. av. J.-C.) de même orientation (Est-Ouest) et de même appareil (grands blocs orthogonaux) fondés dans une épaisse couche alluviale : il s'agit du mur de fond de l'odéon et des murs d'un portique parallèle à ce dernier, dont il était apparemment séparé par une rue en cailloutis. Un sondage ouvert dans l'angle Nord-Est de la place a d'autre part montré que, contrairement à ce que l'on supposait, la longueur de ce portique excédait 74 m.
Ces sondages ont aussi permis de faire des observations stratigraphiques et chronologiques. Dans le secteur Nord-Ouest, le sol le plus ancien, en terre battue, est contemporain des trois murs précités ; à un niveau supérieur, un sol dallé de marbre est postérieur à une destruction qui date soit du règne de Trajan, soit de la fin du IIIe s. ap. J.-C. ; enfin, après le séisme qui détruisit la ville vers 670 ap. J.-C, l'espace de l'agora fut réoccupé par un habitat dispersé avec sépultures intra muros. Dans le secteur Nord-Est, la fouille a recoupé successivement les restes d'une maison de la fin de l'époque médiévale contenant un abondant matériel des XIVe-XVIe s., une couche de destruction d'époque byzantine, et plusieurs sols d'époque romaine avec traces d'un remaniement de la stoa hellénistique (dont le mur de fond fut transformé en stylobate) au IIIe s. ap. J.-C. (fig. 1).
2) Prétoire. — Après avoir poursuivi le dégagement de la rue dallée 43 sur une dizaine de mètres (fig. 2), on a fouillé à l'Est et à l'Ouest du temple dit « des Augustes » et tenté de localiser, au Sud de la grande cour du premier Prétoire, la limite Sud de l'édifice.
Les sondages stratigraphiques effectués à l'Est du temple ont confirmé sa datation dans la seconde moitié du IIe s. ap. J.-C, tandis qu'à l'Ouest la fouille a mis au jour un bloc de corniche du temple présentant une particularité sans exemple à ce jour : une gargouille en forme de tête de crocodile (long. 0,63 m) en excellent état (fig. 3), ce qui suggère évidemment une connexion avec l'Egypte.
Dans le second secteur, l'objectif initial n'a pas été atteint mais la fouille a révélé deux faits nouveaux : d'une part, l'existence d'une terrasse artificielle de plus de 3 m de haut à la limite Sud-Est de la cour ; d'autre part, le fait que, du côté Est, le premier Prétoire réutilisa comme mur de soutènement l'ancien rempart de la ville. De ce rempart, dont on sait par les sources qu'il fut offert à la cité par Ptolémée Philopatôr à la fin du IIIe s. av. J.-C, la fouille a mis au jour une porte secondaire voûtée, construite en très bel appareil pseudo-isodome et conservée plus haut que la naissance de l'arc.
Le vol. II des fouilles de Gortyne intitulé Gortina II : Pretorio. Il materiale degli scavi Colini, 1970- 1977, par A. Di Vita et A. Martin, a paru en 1997.
Les résultats des fouilles conduites en 1992 et 1993 (v. BCH 117 [1993] Chron., p. 893 ; 118 [1994] Chron., p. 823) sont présentés en détail dans ASAA 70-71 (1992-1993) [1998], p. 423-473.
avec la contribution de
Béatrice Detournay
Anna Philippa-Touchais
Yannis Varalis
BCH 122.2 (1998), p. 961-963
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