THRONOS AMARIOU. - Syvritos antique (Képhala) - 2000

La campagne de 1995 sur la colline de Képhala, près du village moderne de Thronos, a porté sur les secteurs Nord et Sud (v. BCH 119 [1995] Chron., p. 1027). Dans le premier on a dégagé de nouvelles pièces d'habitation qui ont livré de la céramique MR IIIC (fig. 302), ainsi qu'une fosse-dépotoir avec un vase tripode qui pourrait être lié à un rite de fondation (fig. 303). Dans le secteur Sud on a poursuivi le dégagement du grand bâtiment géométrique AI, qui se distingue par ses dimensions et sa technique de construction soignée. Les résultats de cette campagne confirment que chacun des deux secteurs avait une fonction différente, celui du Nord étant destiné à l'habitation et celui du Sud ayant, au moins à partir de l'Âge du Fer, une fonction publique. AD 50 (1995) [2000] B'2, p. 747-748 [N. Prokopiou, L. Rocchetti, A.-L. D'Agata].

En 2000, les fouilles à Thronos Képhala ont été poursuivies dans les trois mêmes secteurs qu'en 1999 (v. BCH 124 [2000] Chron., p. 1004) :

1) Dans le secteur central, on a constaté que la limite Nord-Est du plateau est constituée par un escarpement rocheux de 1,50 m de haut, près duquel a été repérée une nouvelle fosse (v. BCH 118 [1994] Chron., p. 827-828) contenant du matériel qui daterait d'une phase initiale du MR IIIC : des fragments de 38 vases (fïg. 304), une lame en bronze, deux outils en pierre, une carapace de tortue et deux squelettes de chiens. Cette fosse a été creusée à l'Est de l'édifice 1, fouillé en 1990 (v. ibid), édifice que son plan, ses aménagements (présence d'un grand foyer ovale dans l'une de ses deux pièces) et son orientation invitent à considérer comme un « mégaron » lié à l'aménagement des fosses.

2) Sur le plateau Nord, au Nord-Est de la zone centrale, une nouvelle terrasse (II), sans doute artificielle, a été repérée à un niveau inférieur ; destinée à l'habitation, elle représente apparemment l'extension du plateau I vers l'Est. Les limites de ce dernier ont été presque entièrement définies. Sur un niveau d'utilisation de la fin du VIII^e- début du VII^e s. av. J.-C, on a dégagé un petit foyer ovale rempli de noyaux d'olives (utilisés sans doute comme combustible) et un espace de stockage. À l'extrémité Ouest du plateau I on a poursuivi le dégagement de l'édifice 3 (v. BCH 119 [1995] Chron., p. 1027), dont un sol primitif supportait un grand foyer datant du MR IIIC.

3) Sur le plateau Sud on a poursuivi l'exploration de l'édifice A1, de la rampe pavée 42 et de l'édifice A2.
— Au Sud de l'édifice A1, la fouille a mis au jour un mur de soutènement, tandis que dans l'angle Sud-Ouest, le nettoyage du rocher a fait apparaître un niveau contenant un riche matériel PG utilisé pour niveler la zone avant la construction de l'édifice et de la rampe 54 ; ce matériel (vaisselle domestique, objets en bronze, ossements d'animaux) constitue la plus ancienne trace d'occupation dans ce secteur.
— Au-dessus de l'édifice A1 , la rampe pavée (42) d'époque romaine (fig. 305), large de 8,50 m environ, est à présent dégagée sur 10 m de long ; elle est liée à l'édifice A2 par un espace rectangulaire recouvert d'une toiture. Cette rampe semble constituer l'extrémité d'une route montant de la ville romaine de Syvritos, qui était située à l'emplacement du village moderne de Thronos et probablement aussi d'Haghia Photini. D'après les fouilleurs, le sentier qui monte sur le versant Sud de la colline remonterait aussi à l'époque romaine. Au début de l'époque impériale, le plateau Sud fonctionnait sans doute comme un espace public au centre duquel l'édifice A2, encore incomplètement fouillé, devait constituer une stoa.
— Au Sud de cet édifice, on a repéré des vestiges datant de la dernière phase d'occupation du site (III^e s. ap. J.-C), juste avant son abandon. On signale aussi des traces d'occupation du I^er s. ap. J.-C. suggérant l'existence de deux phases principales d'époque romaine. SMEA 42 (2000), p. 337-340 [A-L. D'Agata, N. Karamaliki].

Dans 8^e Congrès Crétologique, A.-L. D'Agata (A1, p. 327-339) examine la fonction des fosses et de l'édifice A d'après l'analyse du matériel, tandis que L. Rocchetti (A3, p. 165-176) présente les résultats des campagnes de 1993 à 1995, déjà résumés dans BCH 119 (1995) Chron., p. 1027.