ÉRÉTRIE. – Travaux de l'École suisse - 1999
En 1999, les recherches se sont poursuivies pour la troisième* année consécutive dans le secteur E/600/NW (près de la Maison aux mosaïques), sous la direction de S. G. Schmid, et pour la deuxième année au Sud du temple d'Apollon Daphnéphoros, sous la direction de S. Vardan ; une première campagne de prospection a été conduite aux abords de la ville, sous la conduite de P. Simon.
1) Secteur E/600/NW (fig. 1). — Au Sud de la rue Est-Ouest, la fouille a mis en évidence, sous des murs hellénistiques, une maison absidale ou ovale d'époque géométrique (fig. 2), qui confirme que l'habitat s'étendait alors jusque-là vers le Nord. On ignore cependant s'il avait la forme d'une vaste agglomération ou de cellules d'habitat dispersées. On a pu constater en revanche que, dans ce secteur, les fondations des maisons hellénistiques ne sont jamais antérieures au 2e quart du IIIe s. av. J.-C. Cette campagne a également fourni des informations sur la période romaine : un dépôt de plusieurs mètres d'épaisseur contenait une abondante céramique et divers objets, parmi lesquels une tête féminine en terre cuite coiffée d'un polos, qui pourrait être une représentation de Tychè ou la personnification de la ville (fig. 3).
Du côté Nord de la rue, a été dégagé un édifice rectangulaire dont le premier état (7,92 x 5,01 m), en gros blocs, date de l'époque hellénistique et le second (7,92 x 13,72 m), qui réutilise les blocs d'un grand bâtiment, du début de l'époque impériale (fig. 4). Le nouvel édifice comportait deux pièces. Dans celle du fond, qui abritait trois bases de statues, on a retrouvé des centaines de fragments de marbre appartenant à au moins à six statues, dont trois colossales et quatre cuirassées (fig. 5) ; les fragments d'une septième statue, à la fois colossale et cuirassée, ont été dégagés derrière la base qui se dresse devant le monument lui-même. Sa situation, au croisement de deux rues principales de la cité, la présence de statues qui sont sans doute celles de membres de la famille impériale, et le fait qu'un fragment de base porte les lettres PA, qui pourraient appartenir au mot [ΑYΤΟΚ]ΡΑ[ΤΩΡ], suggèrent que l'édifice était un temple dédié au culte impérial.
2) Sanctuaire d'Apollon Daphnéphoros. — La campagne de cette année, qui marque cent ans de recherches dans ce secteur, avait pour objectif l'exploration minutieuse des niveaux géométriques au Sud du temple. La fouille a mis au jour un mur semi-circulaire appartenant sans doute à une maison absidale et deux fosses-dépotoirs (fig. 6) renfermant une abondante céramique GR. La maison absidale et l'une des fosses, qui contenait notamment de nombreux fragments de vases à boire et d'ossements d'animaux calcinés, sont contemporaines du temple ; une deuxième phase correspond à la construction d'une maison rectangulaire (?) au-dessus de la maison absidale ; une troisième est marquée par l'abandon des bâtiments, qui furent recouverts par des dépôts alluviaux sans doute charriés par les crues de la rivière.
3) Prospection. — L'objectif principal de ce programme est l'étude et la cartographie des abords de la ville, menacés par l'urbanisation croissante. La méthode choisie est celle de la prospection extensive, avec collecte du matériel aisément identifiable. Dans l'aire explorée (6 km2) on a pu reconnaître plusieurs sites — des installations agricoles pour la plupart — et recueillir de précieuses informations sur les nécropoles, le réseau de communication et le système de défense de la région. Parmi les sites d'une importance particulière, on note celui de Plakakia (v. BCH 116 [1995] Chron., p. 925 ; 120 [1996] Chron., p. 1295), sur les hauteurs de Malakonda, établi sur un plateau qui domine l'extrémité orientale de la plaine Lélantine (murs de bâtiments et de soutènement) ; un deuxième site sur un plateau situé au Nord de l'acropole, entre celle-ci et les versants de Voudoki (puissant mur de soutènement et abondante céramique), et un troisième sur la colline entre Olympos et Voudoki, où des traces d'habitation et de fortification ont été observées dans une tranchée de travaux publics. La poursuite du programme permettra d'explorer des zones plus éloignées, donc moins altérées par l'urbanisation, et de préciser les rapports entre la cité et son territoire.
Un rapport préliminaire sur l'ensemble de ces travaux est publié dans AK 43 (2000), p. 121-133 et pl. 22-23. B. Blandin présente, ibid., p. 134-146 et pl. 24-25, une tombe de guerrier du IXe s. av. J.-C. mise au jour en 1979 et 1992 (v. BCH 104 [1980] Chron., p. 657) dans le secteur du sanctuaire d'Apollon Daphnéphoros.
S. Huber, Ancient Greek Cult Practice, p. 141-155, présente le matériel céramique, notamment des cruches à col haut, provenant de l'aire sacrificielle proche du sanctuaire d'Apollon (v. BCH 115 [1991] Chron., p. 924).
(*) Erratum : Il s'agit de la quatrième campagne et non pas la troisième ; la fouille dans ce secteur a commencé en 1996 (v. Chronique n.11511 et note dans Chronique n.11360). [O.D.]
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran