THÈBES - 1995
Âge du Bronze - Bronze Ancien - Bronze Moyen - Bronze Récent
Âge du Fer - Fer ancien/Submycénien
Antiquité - Archaïque - Classique - Romaine
Six fouilles d'urgence ont été menées à bien par la IXe Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques en 1995, et cinq autres par la 1re Éphorie des antiquités byzantines ; les résultats de ces travaux, que nous résumons ci-dessous, sont publiés dans AD 50 (1995) [2000] Β'1, p. 275-294, p. 307- 309 [E. Andrikou, V. Aravantinos, A. Charami] et p. 77-84 [Ch. Koilakou].
Habitat préhistorique et antique
Rue Pélopidou. — L'extension des investigations vers le Sud, en direction du croisement avec la rue Zenghini, a révélé au moins dix tombes HM (de jeunes enfants pour la plupart) toutes dépourvues d'offrandes, un sol HR IIIC1 avec trous de poteaux, des couches HR IIIC2, deux tombes (ciste, fosse) submycéniennes ou de la transition avec l'époque protogéométrique qui contenaient notamment des bijoux en bronze, enfin des murs de bâtiments postérieurs à l'époque mycénienne.
Dans la même rue, on a poursuivi les travaux de nettoyage et de fouille liés au projet d'aménagement du site de l'« hoplothèque » (v. BCH 123 [1999] Chron. p. 735), recueillant ainsi, dans une couche d'incendie, un lot d'ivoires mycéniens (fig. 1-2) dont la découverte a déjà été brièvement évoquée (v. BCH 122 [1998] Chron. p. 820 et infra.).
La démolition du cinéma « Amphion », dans un terrain situé à proximité de la maison HA II fortifiée découverte en 1982 (v. BCH 107 [1983] Chron., p. 781 ; 114 [1990] Chron., p. 764), a amené la découverte de vestiges dont la chronologie s'échelonne entre l'ΗΑ et l'époque byzantine. Les niveaux mycéniens ont livré un matériel particulièrement abondant (céramique, figurines en terre cuite, outillage lithique et osseux, sceau en stéatite, etc.), mais les seuls vestiges architecturaux véritablement lisibles sont ceux de l'ΗΑ. Il s'agit notamment d'une pièce de stockage dont les murs sont construits entièrement en brique crue, sans socle de pierre, ce qui est tout à fait exceptionnel dans la Grèce protohelladique. La pièce est équipée d'une banquette basse qui court le long des murs et présente à la surface des cavités de diamètres variés probablement destinées à recevoir des vases ; sur la banquette Nord, on a recueilli les fragments d'un pithos et des graines de céréales brûlées. Cette pièce fut détruite par un incendie. Outre la céramique grossière, elle a livré des fragments d'Urfirnis et une épingle en argent. (C'est dans la pièce voisine qu'a été trouvée l'idole cydadique en os acéphale citée dans BCH 122 [1998] Chron., p. 820).
Terrain du 2e lycée. — Les travaux de construction du 2e lycée, dans un terrain situé sur une colline du quartier d'Haghia Triada, à l'Ouest de la Cadmée, ont révélé trois ensembles de vestiges distincts : 1) une petite installation rurale d'époque romaine, dont on a fouillé une pièce à sol en opus spicatum et deux locaux annexes postérieurs ; 2) un péribole en moellons bruts près duquel on a recueilli un grand nombre de skyphoi miniatures archaïques, qui font penser que l'on est en présence d'un sanctuaire rural hypèthre ; 3) une tombe à ciste submycénienne qui renfermait un lécythe à décor linéaire et géométrique.
Terrain du Centre culturel. — À l'occasion de la construction de la salle des congrès municipale* dans un terrain déjà partiellement fouillé du secteur Nord-Ouest de la Cadmée (v. BCH 117 [1993] Chron., p. 824), on a recoupé, dans une vingtaine de sondages de 4 x 4 m, la séquence de niveaux d'habitat la plus courante à Thèbes : HA II-époque byzantine. Elle se signale ici par la présence d'une grande maison absidale HA III (long. min. 13 m, larg. 6,50 m) et par celle d'un bâtiment rectangulaire mycénien orné de peintures murales (fig. 3) dont une pièce au moins avait une fonction artisanale (travail de l'ivoire) ; l'abandon de ce bâtiment est contemporain de la destruction du dépôt d'archives et de l'atelier d'ivoirier de la rue Pélopidou (fin de l'HR IIIB2).
Le matériel mycénien comprend notamment deux sceaux en pierre, dont l'un représente une biche allaitant son faon, un cratère à décor figuré (char sur une face, sphinges affrontées sur l'autre) et deux tables tripodes en pierre à bec verseur (fig. 4). Parmi la céramique HM, on retiendra un askos zoomorphe (fig. 5), qui était déposé dans une tombe-pithos ; parmi les trouvailles d'époque classique, un lot de figurines féminines et animales en terre cuite liées au Thesmophorion de la place Saint-Georges (v. infra).
Kastelli. — Des travaux de restauration ont été entrepris dans la tombe à chambre dite des enfants d'Œdipe, fouillée en 1972 et gravement endommagée lors du séisme de 1981 (v. BCH 107 [1983] Chron., p. 781).
Plusieurs trouvailles faites en 1995 sont présentées dans Γ' Συνέδριο Βοιωτικών Μελετών, notamment les ivoires mycéniens de l'« hoplothèque », par V. Aravantinos (p. 31-120) ; les vestiges dégagés sous l'ancien cinéma « Amphion », rue Pélopidou, par O. Pépéraki (p. 203-218) ; la grande maison absidale HA III du terrain du Centre culturel, par E. Andrikou (p. 173-191) ; le cratère et autres tessons de style pictural mycénien provenant de la même fouille, par V. Pliatsika (p. 286-297), ainsi que les terres cuites classiques du Thesmophorion, par E. Karakitsou (p. 565-591).
Dans le même ouvrage (p. 192-202), A. Christopoulou présente la fouille et le matériel céramique d'une maison HA II-III explorée en 1984 à l'angle des rues Pindarou et Oidipodos, près de la maison HA II fortifiée ; L. Godart (p. 27-30) analyse les occurrences d'une triade thébaine ma-ka, o-po-re-i et ko-wa (correspondant à la triade éleusinienne Déméter, Zeus et Korè) dans les tablettes en linéaire Β découvertes entre 1993 et 1995 sur la Cadmée.
Un rapport sur la découverte des tablettes en linéaire Β de la rue Pélopidou (v. BCH 120 [1996] Chron., p. 1206) est publié par V. Aravantinos dans Floreant Studia Mycenaea, p. 45-78 ; en annexe, p. 79-102, E. Andrikou propose une étude préliminaire sur la céramique HR trouvée dans les mêmes archives (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 820).
Ville paléochrétienne, médiévale et moderne
Les principaux vestiges de ces périodes ont été mis au jour en quatre endroits :
Terrain du Centre culturel. — On retiendra, pour l'époque paléochrétienne, trois trésors monétaires déjà mentionnés dans une précédente Chronique (v. BCH 122 [1998], p. 820) et des constructions qui succombèrent aux invasions slaves, vers 580 ; pour l'époque mésobyzantine (Xe s.), un ensemble de constructions dont l'orientation est identique à celles de l'époque paléochrétienne, dont elles sont séparées par une phase intermédiaire de bâtisses en brique crue (VIIe-IXe s.), et des restes de l'abside centrale et de la prothé- sis d'une église ; pour l'époque ottomane, une citerne qui alimentait apparemment un jet d'eau.
Terrain Vénizélou. — Dans ce terrain situé au Nord de la colline d'Amphion, aux confins du quartier de Pyri, les vestiges fouillés s'échelonnent sur quatre phases, entre la fin du IXe s. et le début du XIIIe. Les plus notables appartiennent à des installations artisanales de fonction indéterminée (bassins enduits de mortier hydraulique) en usage depuis l'époque de Basile Ier le Macédonien (870-879) jusqu'à la fin du Xe s.
Rue Pélopidou. — Dans les niveaux supérieurs des fouilles mentionnées ci-dessus (p. 864-865), on a dégagé plusieurs constructions d'époque byzantine ainsi que des fosses-dépotoirs et des tombes, recueillant une grande quantité de matériel (surtout céramique) médiéval et post-byzantin. Signalons aussi une monnaie en or, la première trouvée à Thèbes, frappée sous le règne de l'empereur Théophile (829-842).
Rue Dirkis. — Dans l'église Saint-Grégoire le Théologien — l'un des rares monuments du IXe s. qui soit précisément daté, par une inscription dans le mur de l'abside — la dépose du sol moderne a permis de constater que le sol primitif incorporait des matériaux de remploi, dont un fragment de plaque de chancel (fig. 6) elle-même retaillée dans un sarcophage romain conservé au musée de Thèbes.
Des travaux de voirie dans la rue Dirkis ont mis au jour cinq tombes appartenant à la nécropole fouillée jadis par G. Sotiriou au Sud de l'église.
M. Galani-Krikou développe, dans Σύμμεικτα 12 (1998), p. 141-170, la publication des 139 monnaies trouvées lors des fouilles du Centre culturel, parue dans le volume précédent de la même revue (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 821).
(*) En 1999, a été achevée la construction de la salle des congrès (terrain du Centre culturel), dans lequel sont exposés les vestiges mis au jour dans le terrain (v. supra). Ελευθεροτυπία, 20.4.99.
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