PATRAS - 1995
Patra, Patras, Patrai, Patrae
Le nombre des fouilles urbaines menées par le Service archéologique en 1995 a atteint quarante-six. Nous en résumons ici les principaux résultats, à partir du compte rendu analytique publié dans AD 50 (1995) [2000] Β'1, p. 192-216, 258, 263-269 [G. Alexopoulou, D. Ch. Athanassoulis, A. Gadolou, G. Géorgopoulou, A. Koumoussi, L. Papakosta, A. Sotiriou, M. Stavropoulou-Gatsi].
Rues, bâtiments publics. — On a recoupé deux rues romaines en cailloutis qui devaient se croiser, l'une (rue Mitropolitou Néophytou) orientée Est-Ouest, l'autre (rue Haghiou Dimitriou) Nord-Sud ; la seconde remontait à l'époque hellénistique.
Une autre route en cailloutis, bordée par une importante installation artisanale (v. infra), a été découverte à la périphérie de la ville (rue Th. Korydaléos), à 1,3 km au Nord du pont romain sur le Meilichos (v. BCH 106 [1982] Chron., p. 556), auquel elle menait peut-être. La présence, parmi les décombres du bâtiment adjacent, d'une borne miliaire portant deux inscriptions, l'une de l'époque de Trajan (114/5), l'autre de l'époque d'Arcadius et Honorius (397), atteste que cette route, qui menait à Aigion, demeura en usage au moins du début du IIe s. jusqu'au IVe s. et qu'elle faisait partie du réseau routier mis en place par Trajan dans les provinces d'Orient.
Près du bâtiment en amphithéâtre (rue A. Hypsilandou, v. BCH 144 [1990] Chron., p. 750), on a partiellement dégagé un nymphée (?) tardo-romain avec niches et exèdres semi-circulaires, qui appartenait à un vaste complexe déjà connu.
Une tranchée ouverte par l'Office des Télécommunications (rue Yérokostopoulou) a recoupé un stylobate supportant deux bases de colonnes ioniques, près duquel ont été trouvés deux fragments de colonnes lisses. La structure est liée à un bâtiment en forme de portique découvert en 1973 et à des thermes dont le praefurnium a été partiellement dégagé à proximité.
Constructions hellénistiques et romaines. — En bordure des deux rues perpendiculaires susmentionnées, la fouille a partiellement mis au jour les vestiges d'une riche maison romaine qui avait déjà fait l'objet d'investigations (v. BCH 113 [1989] Chron., p. 620) ; elle est fondée sur les restes d'une construction hellénistique à caractère sans doute artisanal.
D'une vaste installation agricole, vraisemblablement une villa maritima qui desservait le marché aux poissons, on a mis au jour (quai Dymaiôn) un espace à ciel ouvert entouré de pièces dont l'une conservait un hypocauste et des lambeaux de mosaïque ; les fondations des murs reposaient sur des couches de galets fluviatiles sans doute destinés à assurer l'étanchéité de la construction.
La fouille de quatorze pièces d'une grande ferme d'époque romaine (rue Thermopylôn, fig. 1-2) a notamment révélé les restes de deux pressoirs connectés à une même cuve (quadrangulaire, pourvue d'une cavité de décantation et de trois marches d'accès), ainsi qu'une meule en place dans une structure rectangulaire (à sol en carreaux de terre cuite recouvert d'enduit rouge), destinée à stocker la farine.
L'installation artisanale découverte au bord de la route qui devait mener au pont sur le Meilichos (v. supra) recelait trois grands fours parfaitement conservés, destinés à la cuisson des tuiles et des briques : un four ovale hellénistique (fig. 3) et deux fours circulaires d'époque romaine ; ces deux derniers étaient disposés en angle droit de sorte que les deux ouvertures aboutissaient au même endroit, où se trouvait une fosse remplie de déchets de cuisson. L'installation était séparée de la route mentionnée plus haut par un large mur de soutènement. Des tombes à tuiles fouillées dans le secteur remployaient des tuiles estampillées Τιμοδάμας.
Vestiges paléochrétiens et byzantins. — Dans la ville haute (rue Haghiou Dimitriou), on a mis au jour les vestiges d'une chapelle mésobyzantine à nef unique terminée par une abside à pans coupés ; tout indique qu'elle était couverte d'un toit à charpente. La partie Ouest du monument n'est pas conservée ; à l'intérieur, des restes du templum construit et des lambeaux du décor mural ont été retrouvés. Le mobilier comprend des tessons de vases à glaçure du XIIe s. et une abondante céramique d'époque franque qui, avec huit tournois vénitiens, attestent une utilisation du monument jusqu'au XIVe s. On note aussi la présence de tombes mésobyzantines sous le sol de la chapelle, l'une d'elles dotée d'un vase à parfum en verre.
Dans la forteresse, des sondages préliminaires à un projet de restauration du bastion Sud-Est ont montré que l'ouvrage reposait sur des murs d'époque romaine appartenant à un bâtiment déjà connu. À l'intérieur du bastion, la fouille a mis au jour un tronçon du rempart byzantin originel (ép. 3,50 m), dont il ne subsistait que le remplissage, constitué de grands blocs de poros et de fragments de colonnes disposés en boutisse ; un fragment d'arche en briques appartenant sans doute à une construction d'époque franque ; divers éléments architecturaux antiques, paléochrétiens et byzantins qui confirment que le rempart byzantin était déjà détruit à cette époque.
On signale encore la découverte d'un four céramique partiellement conservé (rue Boukaouri) et la trouvaille fortuite d'un couronnement de plaque de chancel mésobyzantin (fig. 4), remployé dans un mur moderne (rue Karpénisiou).
Nécropole Nord. — Des vestiges d'un édifice funéraire d'époque romaine ont été mis au jour rue Yérokostopoulou.
À l'angle des rues Konstantinoupoléos, Norman et Paxôn, on a partiellement dégagé une chambre funéraire d'époque romaine qui abritait six tombes à ciste et une tombe en fosse plus ancienne, ainsi qu'une construction ovale aux parois stuquées qui avait sans doute une fonction religieuse. La même fouille a livré seize autres tombes hellénistiques et romaines, dont l'une avait conservé une partie de sa couverture voûtée (fig. 5) ; parmi les nombreuses offrandes recueillies, on retiendra deux lampes signées par Onésimos et Marôn, fabricants de lampes connus à Patras à l'époque romaine (fig. 6).
À l'angle de la route nationale Athènes-Patras et des rues Amérikis et Thermopylôn, l'allée funéraire en cailloutis bien connue (v. en dernier lieu BCH 123 [1999] Chron., p. 704) a été recoupée en deux endroits ; sa fréquentation est attestée au moins jusqu'au IVe-Ve s. par une trouvaille monétaire. La fouille a également mis au jour un petit tombeau du type columbarium (fin du Ier s. ap. J.-C.-fin du IIe s. ap. J.-C.) dont les trois parois comportaient des niches pour des urnes cinéraires, et quarante-six tombes (à tuiles pour la plupart), dont l'une a livré un quadrans daté de 41-43 (?) qui porte au droit un boisseau symbolisant les distributions de blé faites par l'empereur Claude aux citoyens.
Nécropole Sud. — À ce cimetière appartiennent des segments de périboles funéraires qui abritaient les restes de cinq tombes à ciste et une tombe à tuiles d'époque romaine (rue Assimaki Photila) ; deux autres tombes à tuiles, une construction sans doute funéraire (péribole et monument) et une rue en cailloutis (angle des rues Haghias Triados, Karava et É. Vénizélou).
Autres tombes et nécropoles. — Deux périboles et trente-cinq tombes de la nécropole Sud-Est, dont la chronologie s'échelonne entre le Ier et le Ve s. ap. J.-C, ont été exhumés à l'occasion de travaux publics rue Kalavrytôn. Dans l'un des périboles, on a dégagé un lambeau du sol de l'ancienne église Saint-Athanase, qui fonctionnait déjà comme église diocésaine en 1713.
On a aussi fouillé une dizaine de tombes de la nécropole Sud-Ouest d'époque paléochrétienne (rue Nikita), sans doute créée pour ensevelir les victimes des séismes qui ébranlèrent la ville au VIe s. Les tombes sont construites en appareil caractéristique du début de l'époque chrétienne : parois avec assises inférieures en moellons surmontées par des assises de briques, couverture en dalles de calcaire et blocs remployés (dont des plaques de chancel de la fin du Ve-début du VIe s.).
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