ANTIQUE MESSÈNE - 1999

Fouilles de la Société archéologique. — La campagne de 1999, dirigée par P. Thémélis, a porté sur six secteurs :
1) Agora. — Deux nouveaux blocs inscrits ont été mis au jour : le premier porte les mots ἁ πόλις, le second une inscription honorifique de cinq lignes accompagnant la statue de Sabine, épouse d'Hadrien.
2) Théâtre. — La poursuite des fouilles (v. BCH 123 [1999] Chron., p. 693) a fait apparaître la partie inférieure des escaliers et quelques dalles de l'euthyntéria des gradins. Dans la parodos Est, ont été dégagées deux bases de statues dont l'une était, d'après son inscription, l'œuvre de deux sculpteurs — le Messénien Agias (II^e s. av. J.-C.) et un certain Damocharès, jusqu'alors inconnu — et représentait le jeune Messénien Pancratès fils de Pancratès, vainqueur aux Jeux pythiques.
3) Basilique. — Sur le dallage de la nef Sud (v. ibid.), on a dégagé des tombes des VII^e- VIII^e s. (fig. 1), qui prouvent que le monument fut alors transformé en église cimetériale pour les habitants du village implanté dans la zone du théâtre, de l'agora et de la source Arsinoè. On mentionne aussi la découverte d'une stèle hellénistique portant un catalogue d'individus d'origines diverses.
4) Stade. — La poursuite des fouilles a montré que les derniers remaniements furent effectués pendant le IV^e s. ap. J.-C. : installation d'un muret (pour la protection des spectateurs) dans la partie inférieure de la sphendonè et d'un garde-corps, dont on a repéré les trous de poteaux, sur la deuxième rangée de gradins. Il semble qu'au cours de cette période avancée, les spectateurs, dont le nombre avait diminué, gravaient leur nom sur les gradins pour assurer leur place. Parmi les remplois et le matériel du remblai qui couvrait la piste, on signale une base de statue inscrite Τ(ίτου) Φλαβίου Κλεοφά[του]│ἥρωος ἀπό Ἡρακλέους (fig. 2) et une statue hellénistique de jeune satyre (fig. 3-4).
5) Gymnase. — Dans la pièce XI du portique Ouest, où l'on avait dégagé la base de statue de Dionysios¹ fils d'Aristoménès, et la pièce voisine X, on a trouvé des fragments de la partie inférieure d'une statue en marbre (jambes et plinthe), variante probable de l'Hermès d'Andros, à laquelle doit aussi appartenir un buste remployé dans un mur proche. Le monument funéraire aux huit tombes à ciste (v. en dernier lieu BCH 123 [1999] Chron., p. 694) est probablement à mettre en rapport avec Dionysios et sa famille. Le long du mur de soutènement occidental, la fouille a mis au jour onze sépultures d'enfants en jarre (II^e ou I^er s. av. J.-C.) et, à côté de certaines d'entre elles, des sépultures de jeunes chiens, sans doute leurs compagnons.
Dans l'angle Nord-Ouest du Gymnase, on a poursuivi les recherches à l'emplacement de l'hérôon, qui est peut-être celui d'Aristoménès (v. ibid.), mettant au jour des vestiges de constructions, une lékanè percée d'un orifice au fond et un nouveau dépôt analogue au précédent (vases miniatures, brûle-parfums, figurines, plaquettes de terre cuite).
6) Villa. — À l'Ouest de la rue menant de l'agora et du théâtre au propylon du gymnase, on a dégagé une villa (25 x 30 m) du III^e ou du IV^e s. ap. J.-C. (fig. 5) qui succéda à un bâtiment plus ancien. La villa, avec entrée au Nord, comportait plusieurs pièces disposées selon un schéma typique de l'époque : un vestibule (10), des couloirs, un atrium avec citerne (11, 12), une pinacothèque (20), des réserves (6, 9), deux cours avec puits (21), un moulin et un pressoir ; les pièces de séjour étaient pavées de mosaïques, dont l'une représente deux divinités, sans doute Dionysos et Ariane (fig. 6), avec un petit personnage — peut-être le propriétaire de la maison — qui embrasse la main du dieu.
Ergon 46 (1999), p. 45-56.

Signalons deux publications, signées par P. Thémélis, qui prennent en compte les résultats des fouilles récentes : le guide H Αρχαία Μεσσήνη (1999) et l'ouvrage Ἥρωες καὶ ἡρῶα στὴ Μεσσήνη. Βιβλιοθήκη τῆς ἐν Ἀθήναις Ἀρχαιολογικῆς Ἑταιρείας 210 (2000).
Le même auteur donne, dans Ancient Greek Cult Practice, p. 157-186, un aperçu des offrandes (reliefs, figurines) découvertes dans le sanctuaire dédié au héros local, à Déméter et aux Dioscures (v. BCH 119 [1995] Chron., p. 879).

(1) Et non pas Dionysos, comme on l'a écrit par erreur dans BCH 122 [1998] Chron., p. 775 (v. aussi Chronique n.10620).