GITANÉ ANTIQUE - 1996
Gitana, Goumani, Gitani (anc.)
En 1995 et 1996, le Service archéologique a poursuivi l'exploration systématique de l'habitat fortifié identifié avec l'antique Gitané, au lieu-dit Goumani, près de Philiatès (v. en dernier lieu BCH 124 [2000] Chron., p. 851). Les investigations ont porté sur le portique et ses abords, ainsi que sur la nécropole hellénistique.
1) Portique Nord. — La fouille du portique situé au Nord de l'agora (v. BCH 124 [2000] Chron., p. 851) a montré que sa colonnade intérieure comportait quatorze colonnes ioniques (composées de deux tambours d'une hauteur de 3 m) et sa colonnade extérieure vingt-six colonnes doriques (fig. 100). Le monument, dont les murs latéraux sont en légère saillie sur la façade, se rattache à un type de portique attesté dans le Nord-Ouest de la Grèce à l'époque hellénistique.
Le parement intérieur des murs du portique et les colonnes étaient revêtus d'un enduit blanc. Le long du toichobate et des deux murs latéraux régnait une banquette que l'on retrouve, aménagée de façon différente (sans doute à l'occasion d'un remaniement postérieur), le long du mur de façade. La partie Est du toichobate a été fortement endommagée lors d'un glissement de terrain ; la couche de démolition, préservée dans ce seul secteur, a livré deux cent cinquante monnaies du koinon des Épirotes (234/3-168/7 av. J.-C), qui datent la destruction du monument des années qui suivent la troisième guerre de Macédoine, ainsi que des outils en bronze et en fer de la fin du IIIe s. ou du début du IIe s. av. J.-C. (fig. 101), des armes (pointes de lance, poignards, flèches, etc.), une pièce de harnachement en bronze provenant d'une statue de cheval (fig. 102), des bijoux (épingles, fibules, pendentifs) dont on retrouve des parallèles dans les Balkans et la Grèce de l'Ouest, des ustensiles de cuisine et de la céramique semblable à celle qui a été recueille dans le bâtiment Ε (ν. infra). Devant la façade, on a mis au jour la fondation d'un exèdre semi-circulaire et plusieurs bases d'ex-voto, dont deux inscrites.
2) Bâtiment E. — Un bâtiment en appareil polygonal, divisé en deux unités, jouxtait le portique à l'Ouest (fig. 100). L'unité Ouest, composée de trois pièces, était probablement une skeuothèque, comme le suggère la trouvaille de plus de cinq cents tessons de canthares, coupes, lampes, amphores, œnochoés et mortiers, ainsi que d'ex-voto en bronze (pieds humains, pattes animales), de bijoux et d'un fragment de couvercle de pyxide décoré en relief (Érotes, Pan et un satyre jouant de la flûte). L'unité Est est constituée d'une grande salle, prolongée en façade par un espace rectangulaire ajouté ultérieurement et ouvrant sur la salle par une porte à deux vantaux. À l'intérieur de la salle ont été mis au jour : à gauche de l'entrée, la fondation d'un escalier menant à l'étage ; deux fragments d'une base et deux fragments d'un acte d'affranchissement ; plusieurs murs que l'on peut mettre en rapport soit avec une structure plus ancienne, soit avec le nivellement du terrain pour compenser la déclivité entre la façade et le fond du bâtiment. L'absence d'ouvertures aussi bien entre les deux unités qu'entre les trois pièces occidentales indique que l'accès se faisait sans doute à partir du premier étage de l'unité Est, par l'escalier qui descendait dans la pièce centrale de l'unité Ouest ; des traces du plancher en bois de l'étage étaient visibles dans la pièce Nord-Ouest. L'emplacement du bâtiment, la présence de la base et de l'acte d'affranchissement, tout suggère que l'édifice servit au culte d'Apollon Aigyieus.
3) Nécropole. — De la nécropole hellénistique qui s'étend au Nord-Ouest du rempart, sur près de 2 km le long d'une route moderne, on a fouillé trois monuments funéraires en partie détruits, deux tombes à ciste et deux pithoi dont l'un contenait une amphore cinéraire, l'autre une inhumation. Les monuments funéraires étaient constitués chacun d'une tombe à ciste entourée ou flanquée d'un péribole en Π ou quadrangulaire imitant le plan d'un temple. Parmi les trouvailles, on mentionne des fragments de blocs moulurés et d'un chapiteau dorique, ainsi que ceux d'une ostéothèque en forme de temple. AD 50 (1995) [2000] B'2, p. 440-442 ; 51 (1996) [2001] Β'1, p. 414-417 [K. Préka-Alexandri].
A. P. Sgouroudis étudie, dans R. Thomas (éd.), Antike Bronzen. Werkstattkreise : Figuren und Geräte, Akten des 14. Internationalen Kongresses fiir antike Bronzen in Kôln, 21. bis 24. September 1999, KJ 33 (2000), p. 103-114, des objets de parure et des éléments de strigiles en bronze hellénistiques recueillis sur le site.
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