ITHAQUE - 2000

De 1994 à 2000, l'Université de Jannina a effectué, sous la direction de L. Kondorli-Papadopoulou et Th. Papadopoulos, des fouilles et des nettoyages dans divers sites de l'île (en partie explorés par l'École britannique dans les années trente). Outre les trouvailles faites à Stavros et à Pélikata (v. BCH 119 [1995] Chron., p. 895-896 ; 123 [1999] Chron., p. 714), on retiendra les résultats suivants :

1) Lieu-dit Sompola. — On a mis au jour les restes d'une maison absidale présentant deux phases d'occupation (HA II, HA III) ; le mobilier comprenait des tessons de pithoi à décor plastique, plusieurs vases (bols, saucière, cruches) et de l'outillage lithique.

2) Lieu-dit Tris Langadès. — Au Sud de Kalyvia, près de la célèbre grotte de Poli, on a dégagé de nouveaux vestiges de l'établissement côtier d'époque mycénienne exploré naguère par S. Benton.

3) Haghios Athanassios (lieu-dit « École d'Homère »). — Le site, qui s'étend sur deux terrasses de la colline Mélanythron, a livré des témoignages d'occupation assignés à diverses époques :

— Époque préhistorique : la colline était entourée d'une enceinte cyclopéenne dont il subsiste de nombreux tronçons, avec trois portes (la porte principale à l'Est, deux autres à l'Ouest et au Nord) ; le mobilier comprend de la céramique HM non tournée, HR et PG tournée, un fragment de pyxide et une colonnette en os, une épingle en bronze, des outils en silex et de la faune. Près d'une fontaine souterraine préhistorique, le nettoyage d'une construction rectangulaire anciennement fouillée a amené la découverte d'une tombe à ciste sans offrande, qui fait penser que l'on a affaire à un monument funéraire.

— Époque hellénistique : à cette période correspond un rempart en appareil polygonal percé d'une porte à l'Est. Une tour (9,80 x 8 m), datée sous toute réserve du III^e s. av. J.-C. et dont la partie Ouest intègre la chapelle Saint-Athanase, a été nettoyée jusqu'à la roche naturelle. On a aussi remis au jour une canalisation (mentionnée par Vollgraff) qui drainait les eaux de ruissellement vers une citerne adossée à la tour, dégagé plusieurs escaliers taillés dans la roche, qui reliaient les deux terrasses, et un grand bâtiment (22 x 16 m) comprenant sept pièces, des magasins, deux dépôts (l'un circulaire, l'autre en forme de caverne souterraine) et un vestibule où aboutissaient deux grands escaliers. Ce bâtiment fut remanié à la suite de plusieurs séismes, son entrée déplacée et une salle de réception aménagée. Parmi son mobilier, on mentionne des grandes jarres, des amphores de transport, des bols mégariens et une petite pyxide cylindrique en bronze qui renfermait des bijoux en or tardo-hellénistiques.

Aux abords Nord-Est de la fontaine souterraine d'époque préhistorique, on a fouillé une construction circulaire en blocs et moellons, avec entrée à l'Est, dont la fonction et la datation demeurent indéterminées : les couches archéologiques, fortement perturbées, contenaient de la céramique des époques classique et hellénistique, des fragments de figurines en terre cuite et de vases en verre, des poids de métier, divers objets métalliques, ainsi que des ossements d'animaux et des coquilles.

— Époque romaine : quatre tombes à ciste et à tuiles (trois sur la terrasse supérieure, une sur la terrasse inférieure) ont notamment livré un sesterce, sans doute de Faustine II (161-176). Corpus 28 (2001), p. 64-75 [L. Kondorli-Papadopoulou, Th. Papadopoulos].