SALAMINE. – Péristéria - 2000
Peristeria
De 1998 à 2000, parallèlement à l'exploration de la grotte (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 744 et 746), Y. Lolos a entièrement dégagé, en collaboration avec l'Éphorie de Paléoanthropologie et de Spéléologie, un sanctuaire hellénistique de Dionysos installé non loin de la grotte, sur un terrain en forte pente, près d'une source qui jaillissait au pied de la falaise (fig. 1-2). Le sanctuaire comprend 1) une fontaine utilisée au moins jusqu'au Ier s. av. J.-C., munie d'un bassin rectangulaire enduit de mortier hydraulique et alimentée par une canalisation en terre cuite à ciel ouvert ; 2) un naïskos (dim. int. 2,50 x 2,40 m) à l'intérieur duquel on a dégagé une base de colonne, de stèle ou de statue, tandis qu'à l'extérieur une banquette (à gauche de l'entrée) servait sans doute à l'exposition d'offrandes ; 3) une cour bordée d'une banquette en L protégée à l'origine par un portique. Contre le mur Nord, se trouvait une base semblable à celle qui a été découverte dans le naïskos.
Parmi le mobilier, outre des canthares (dont l'un à anses ornées de masques de théâtre en relief, daté du IIe s. av. J.-C.), on retiendra deux kyathoi miniatures de forme inhabituelle, un phallus en marbre provenant d'un pilier hermaïque ou d'une statue de Priape ou de Pan, le bras droit d'une statue de Dionysos ou de satyre tenant un canthare (fig. 3), une tête d'oiseau aquatique en bronze (ornement d'anse ?) et une plaquette votive en terre cuite à relief (nouveau-né allongé). On signale aussi la présence de nombreux fragments de ruches, parmi lesquels quatre couvercles, retrouvés dans la cour, qui portent la lettre Ε en relief (fig. 4), lettre que le fouilleur met en rapport avec le nom d'Euripide, auquel le sanctuaire était peut-être aussi consacré.
L'étude stratigraphique permet de dater la construction du sanctuaire au plus tard au milieu du IIIe s. av. J.-C. et sa destruction, vraisemblablement par des causes naturelles, dans le courant du IIe s av. J.-C., tandis que la fontaine demeura en service, au prix de quelques réparations, jusqu'au Ier s. av. J.-C. au moins. Dans son dernier état, la fontaine devait servir à l'approvisionnement en eau des bateaux, comme le suggère la découverte d'un grand nombre d'amphores commerciales de provenances diverses vraisemblablement remployées pour le transport de l'eau. La fontaine semble avoir été détruite par un violent séisme, dont les murs conservent les traces. Le culte de Dionysos et d'Euripide aurait alors été transféré dans la grotte. Le sanctuaire fut remblayé à l'époque impériale, sans doute à l'occasion du nettoyage des abords de la source et de l'aménagement de l'accès à la grotte.
Επτάκυκλος 15 (2000), p. 56-621.
En 1999, des recherches ont été menées en deux autres points2 :
— sur une hauteur surplombant la côte Ouest de la baie de Péristéria, où a été partiellement exploré un complexe de la fin du IVe s. av. J.-C. à caractère sans doute militaire, composé d'un péribole entourant un puits ; le mobilier recueilli comprenait une monnaie de bronze athénienne, des clous et une pointe de flèche en bronze de section triangulaire, ainsi que deux poids en plomb décorés d'une tortue et d'une amphore en relief;
— sur le plateau de Guinani au Nord de la grotte, où l'on a poursuivi la prospection et le nettoyage des vestiges du vaste établissement repéré en 1997 (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 744, 746), sans doute le plus important du début de l'Âge du Fer dans l'île. Sur l'acropole fortifiée de Kastro, les nettoyages ont révélé une construction absidale (10,20 x 4,30 m) datée par la céramique du PG et du Géométrique.
Y. Lolos et ses collaborateurs présentent un dossier consacré à la grotte de Péristéria dans Επτάκυκλος 15 (2000), p. 9-66. Signalons aussi, dans le même fascicule, p. 236-237, le résumé d'une étude des timbres amphoriques recueillis lors de la fouille du sanctuaire de Dionysos.
(1) Nous tenons à remercier Y. Lolos de nous avoir fourni des renseignements complémentaires, ainsi que la documentation graphique et photographique reproduite ici.
(2) Ces informations nous ont été aimablement fournies par Y. Lolos.
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