LA CANÉE - 2000
Âge du Bronze - Bronze Moyen - Bronze Récent
Antiquité - Classique - Hellénistique - Romain
Fouilles du Service archéologique. — Entre 1998 et 2000, de nombreuses fouilles d'urgence ont été effectuées par la XXVe Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques, pour la plupart à l'occasion des travaux de voirie au centre de la ville moderne et classique ; leurs résultats sont publiés dans Κρητική Εστία 9 (2002), p. 233-250 par M. Andréadaki-Vlazaki et St. Markoulaki.
1) Nécropole minoenne. — En 2000, deux nouvelles tombes à chambre MR IIIA/B ont été mises au jour dans un terrain (Spyridaki, rue Kritovoulidou) contigu à celui où avait été découvert, en 1996, un important groupe de tombes de la même période (v. BCH 123 [1999] Chron., p. 831). Seule l'une des tombes, qui abritait deux sépultures, a pu être entièrement explorée ; de plan presque carré (2,65 x 2,50 x 1,75 m), elle a livré, quoique pillée, une belle amphore à étrier MR IIIB, une tasse, des perles en pierre et deux pinces « à épiler », dont une en or.
2) Habitat minoen. — Des traces d'habitation datant des environs de 2000 av. J.-C. (sols, murs) ainsi qu'un segment de mur puissant et très soigneusement appareillé, assignable au MR III, ont été mis au jour lors des travaux de voirie sur les places S. Vénizélou (ou place du Marche) et Machis tis Kritis (ou Kotzabassi).
3) Nécropoles d'époque historique. — La nécropole Est d'époque classique a été recoupée dans la partie orientale de la rue Tzanakaki, notamment au croisement avec la rue Valaoritou, où a été mis au jour un vaste complexe funéraire de plus de 36 sépultures réparties en quatre groupes de 4 à 15 personnes chacun (v. ibid.). Les sépultures reposaient au fond de cavités creusées dans le rocher ; celui-ci avait été aménagé en deux terrasses, dont chacune renfermait deux groupes de sépultures très serrées, d'orientation à peu près identique. La totalité du complexe n'ayant pu être explorée, on ignore le nombre total des sépultures, qui était sans doute très supérieur au nombre de tombes fouillées. Les quelques vases déposés entre ou sur les défunts datent cet ensemble du début de l'époque hellénistique. D'après l'étude préliminaire des squelettes (mal conservés), les défunts sont tous de sexe masculin, âgés de 17 à 35 ans (25 à 35 ans pour la plupart), ce qui amène à privilégier l'hypothèse qu'ils sont morts lors d'un combat.
Une dizaine de tombes romaines, dont trois tombes à chambre creusées dans le rocher, appartiennent à une phase ultérieure de cette même nécropole. Parmi leur mobilier on mentionne des vases en verre, des lampes en terre cuite à décor en relief, des monnaies de bronze et quelques bijoux.
D'autre part, en 1998, dans le quartier de Koumbé (terrain Mandrabazaki, rue Florion), on a mis au jour plus d'une vingtaine de tombes appartenant à la nécropole classique de Kydonia ; de types divers (à ciste, à tuiles, en fosse), elles contenaient un mobilier assez modeste ; leur forte densité suggère un problème d'espace. On note aussi la présence d'un mur MM, qui constitue le premier indice d'habitation préhistorique dans la région.
4) Habitat d'époque historique. — Les travaux de voirie dans la rue Tzanakaki ont recoupé, à une centaine de mètres à l'Ouest de la nécropole (v. supra), cinq pièces appartenant à un bâtiment hellénistique qui présente deux états, l'une des pièces ayant été transformée en cour à l'époque romaine. L'agencement des pièces et la nature du mobilier suggèrent que le complexe avait, en partie au moins, une fonction artisanale. À l'Ouest de celui-ci s'étend un espace rocheux où l'on a exploré plusieurs fosses-dépotoirs datant des époques hellénistique et romaine ; plus à l'Ouest, un vaste bâtiment romain comportant plusieurs grandes pièces et des espaces non couverts, dont l'un abritait un puits d'où l'on a extrait une abondante céramique. Sous ce bâtiment, une grande fosse-dépotoir a livré un intéressant matériel céramique du Ve s. av. J.-C.
Un autre bâtiment d'époque romaine, remanié à l'époque paléochrétienne, a été fouillé à l'extrémité Ouest de la rue Tzanakaki ; de la phase paléochrétienne date une pièce sur le sol de laquelle étaient tombées une colonne en marbre non cannelée et une plaque de chancel en marbre décorée sur les deux faces de motifs animaliers en relief (lion attaquant une chèvre sauvage).
Dans la rue Apokoronou et jusqu'à la place Kolokotroni, qui semble constituer la limite Sud de la ville antique, des travaux analogues ont révélé des vestiges architecturaux dont la chronologie s'échelonne entre l'époque classique et l'époque romaine : à la hauteur de la galerie Vardinoyanni, où avait été fouillé en 1977 un édifice romain à mosaïques, on a exploré plusieurs pièces hellénistiques ; plus au Sud, à l'angle de la rue Bouniali, un péribole délimitant une solide construction d'époque hellénistique (citerne ou installation artisanale) et l'entrée d'un grand bâtiment romain.
Un autre bâtiment romain, à pavement de mosaïque, a été repéré au croisement des rues Vénizélou et Archontaki.
En 1998, une fouille d'urgence très étendue au début de la Néa Chora (terrain Mavryannaki) a mis au jour des vestiges qui vont de l'époque classique à l'époque ottomane. De l'époque classique date un dépôt rectangulaire constitué d'une succession de couches brûlées, sans doute lié à un sanctuaire ; de la fin de la même période (ou du début de la suivante), un pressoir à vin bien conservé (aire de foulage, conduit, cuve) ; de l'époque hellénistique, deux ateliers de potier, l'un au-dessus du pressoir, l'autre juste en face (four, réserve, fosses-dépotoirs) ; de l'époque romaine, un grand bâtiment dont trois pièces étaient pavées de mosaïque, l'une de belle qualité (opus tessellatum) à motifs géométriques ; de l'époque ottomane, enfin, les restes d'un camp militaire et une cuisine dans laquelle on a retrouvé de nombreux vases ainsi que des pipes turques.
Une dernière fouille d'urgence a mis en évidence, au centre de la ville antique (terrain Dagadaki, angle des rues Péridou et Hypsilantôn) , un vaste édifice de caractère sans doute public dont il subsiste une assise de la façade monumentale en grès et deux pièces avec des fragments d'enduit peint provenant des murs. Dans les niveaux inférieurs, la fouille a rencontré des vestiges épars d'époque hellénistique.
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