CNOSSOS. – Hôpital Vénizéleio - 1996

Fouilles du Service archéologique. Hôpital Vénizéleio. — Entre 1995 et 1996 des fouilles d'urgence ont été effectuées en divers points dans l'enceinte de l'hôpital, à l'occasion de la construction de trois nouveaux bâtiments (Ε, A, B) et de travaux d'aménagement dans les espaces extérieurs.
— Tunnel souterrain menant du vieux bâtiment central au bâtiment E. Le creusement de ce tunnel a fait apparaître les vestiges suivants : a) trois tombes à chambre en mauvais état, dont l'une renfermait des vases MR IIIC, la deuxième des vases PG, tandis que la troisième avait servi de fosse-dépotoir à l'époque romaine ; b) une tombe monumentale d'époque romaine en grand appareil, à couverture voûtée (fig. 1), qui contenait cinq inhumations dont les crânes conservaient des restes de tissu brodé avec des fils d'or et des étoiles dorées, le mobilier comprenant des vases à parfum en verre, deux lampes en terre cuite avec représentation de sirènes et d'animaux, une petite pyxide en argent avec une scène de chasse, des feuilles d'olivier en or provenant d'une couronne, des rosaces en or, etc. ; c) une citerne tardo-romaine contre la tombe ; d) deux murs parallèles, à la base desquels on a trouvé des couches brûlées contenant des vases miniatures, des fragments de figurines, des tasses à vernis noir et décor blanc de la fin du III^e-début du II^e s. av. J.-C., ainsi qu'une tasse dont la lèvre est décorée de dauphins ; la nature des couches et le type des trouvailles évoquent un contexte cultuel ; e) une construction minoenne (ferme ?), dont la présence est suggérée par la découverte, dans les anciens déblais de construction du bâtiment central de l'hôpital (1951), de plusieurs objets d'époque néopalatiale (tasses tronconiques, fragment de figurine animale), d'une jatte en porphyrite et d'une ancre en trachyte.
— Voie périphérique Nord. On y a mis au jour : a) une krépis en L qui pourrait être liée à un vaste bâtiment romain repéré dans cette zone par la prospection de l'École britannique ; b) un atelier céramique d'époque tardo-romaine comprenant quatre constructions absi-dales parallèles entourées de murs de clôture (fig. 2) ; à l'intérieur de l'abside Sud se trouve le four, devant lequel a été trouvée une statuette en marbre d'un enfant portant une amphore sur l'épaule (fig. 3) ; c) trois tombes à ciste construites d'époque romaine.
— Cour du Bâtiment E. Dans cet espace on a exploré : a) une rue dallée (SO-NE) d'époque romaine, large de 3,90 m, qui menait probablement à la nécropole ; une tête masculine trouvée à proximité et appartenant sans doute à une stèle hermaïque pourrait être en rapport avec cette rue ; b) une tombe à chambre MR II, en grande partie détruite, qui appartient au groupe des « tombes des guerriers » explorées par l'École britannique.
— Égouts. La tranchée a recoupé un ensemble d'habitations dont on a reconnu deux états, l'un d'époque hellénistique l'autre d'époque romaine ; à noter la découverte d'un pithos contenant un groupe de vases du II^e s. av. J.-C. et 43 poids de métier. On y a aussi exploré deux puits contenant de la céramique, qui s'échelonne entre l'époque géométrique et l'époque romaine ; des puits analogues, témoignant d'une occupation continue à cet endroit, y avaient déjà été fouillés dans les années 1950.
— Bâtiment B. La reprise des fouilles dans ce secteur (sondé en 1985) a révélé des vestiges d'époque romaine : douze tombes modestes dont une seule contenait un mobilier relativement riche (6 vases à parfum en verre, un vase et un miroir en bronze, deux lampes et quelques bijoux), un sarcophage en marbre, une maison de deux pièces et un puits dans lequel ont été trouvés des éléments architecturaux et un lion acéphale en marbre.
— Bâtiment A. La découverte la plus intéressante dans ce secteur a été celle de 47 tombes de types divers, datant pour la plupart du I^er s. apr. J.-C. et faisant partie de la nécropole Nord de Cnossos ; parmi elles, l'un des rares exemples d'incinération d'époque romaine dans ce cimetière : il s'agit d'un athlète, dont les restes avaient été déposés dans une urne en plomb à côté de laquelle on a retrouvé un aryballe en bronze et un strigile portant l'inscription Felix. On note aussi la présence de trois monuments funéraires ; l'un d'eux (fig. 4) renfermait deux tombes dont l'une, qui n'avait pas été pillée, a livré un bloc de stéatite à six faces portant le texte d'une imprécation qui se réfère à la séparation de Daphné et de Primogénès.
AD 51 (1996) [2001] Β'2, p. 624-630 [E. Grammatikaki].