PÉTRAS - 1996
Petras
En 1996 la fouille de la ville minoenne et du complexe palatial a été poursuivie, pour la douzième année consécutive, sous la direction de M. Tsipopoulou (v. BCH 123 [1999] Chron., p. 814-816).
1) Complexe palatial. — Une découverte exceptionnelle (brièvement mentionnée dans la Chronique du BCH 122 [1998], p. 950, avec renvoi à l'article publié ibid., p. 436-440) a été faite dans la sixième pièce étroite et allongée, juste au Sud de la façade Nord : un dépôt d'archives en écriture hiéroglyphique du MM IIB comportant plus de quarante documents inscrits de types divers (tablettes rectangulaires inscrites sur les quatre faces, empreintes de sceaux en forme de demi-lune, scellés de portes ou de boîtes, morceaux d'argile avec empreintes de sceaux, etc.). Il s'agit du quatrième dépôt d'archives en écriture hiéroglyphique découvert en Crète, et du premier dans une couche en place non perturbée. Il se trouvait à l'étage, au-dessus de la porte d'entrée MM IIB, sur un sol de terre battue de couleur jaunâtre qui s'est effondré ; la couche présentait des traces de feu et renfermait aussi de nombreux fragments de céramique ainsi que des vases complets. L'étude préliminaire de la céramique révèle des parallèles étroits avec le matériel de Gournia, de Malia et de Myrtos Pyrgos ; on mentionne entre autres une cruche à bec ponté et profil angulaire, une tasse angulaire et un canthare à parois très fines et lèvre ondulée. La présence de tablettes inachevées dans le dépôt suggère que les archives étaient en fonction au moment de la destruction. Cette découverte confirme que Pétras était un centre administratif dès l'époque protopalatiale et fournit de précieuses informations sur le système administratif de cette période. Elle a également enrichi le syllabaire hiéroglyphique d'un signe jusqu'alors inconnu.
D'autre part, l'exploration d'un espace pentagonal situé dans la partie Nord-Ouest de la façade Nord du palais a permis d'achever le dégagement de cette dernière et de confirmer la présence, à cet endroit, d'une porte qui fut murée après la destruction du MM IIB.
2) Installations MA II. — Poursuivant l'exploration de ces installations situées à l'angle Nord-Est du plateau, on a découvert, à l'intérieur d'une pièce, une citerne rectangulaire creusée dans le rocher, de la céramique (surtout du style de Vassiliki) et 120 lames d'obsidienne.
3) Ville, secteur III. — Entreprise l'année précédente, la fouille dans ce secteur (sur le versant Nord-Est de la colline) a été poursuivie, afin de préciser la séquence stratigraphique. Les nombreux vestiges architecturaux recoupés dans les sondages ne dessinent aucun plan cohérent, à la différence de ceux des secteurs I et II. Cependant, alors que ces deux derniers secteurs sont caractérisés par la présence de maisons néopalatiales à deux étages, fondées parfois sur des ensembles protopalatiaux et détruites au MR IA (secteur I) ou au MR IB (secteur II), sans réoccupation ultérieure, le secteur III a livré des constructions du MM IB-II, du MR ΙΑ et du MR IIIA. La phase MM IB-II, la moins bien conservée, n'est représentée que par quelques murs et de grandes cavités dans le rocher, qui témoignent sans doute de travaux de nivellement avant la construction du complexe palatial. Le remplissage de ces cavités, qui comprend une très abondante céramique MM IB-IIA, de nombreux poids de métier en terre cuite, des fragments de vases en pierre, de l'outillage lithique et des lames d'obsidienne, constitue donc un terminus post quem pour la construction du palais et des bâtiments protopalatiaux du secteur III.
C'est du MR ΙΑ que datent la plupart des constructions de ce secteur, qui renfermaient souvent des vases entiers in situ. Il semble qu'au MR IIIA des constructions qui n'avaient pas été complètement détruites furent réoccupées. Un élément caractéristique de cette phase semble aussi être l'organisation de l'espace habité à l'aide de murs en gros blocs, qui sont conservés sur une seule assise ; ces blocs avaient peut-être glissé du puissant mur de soutènement d'époque protopalatiale qui entourait le sommet de la colline.
AD 51 (1996) [2001] B'2, p. 649-651 [M. Tsipopoulou].
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