CHOIROMANDRÈS - 2002
Zakros Akra
Dans le cadre du programme de recherche sur les routes minoennes, l'exploration du poste de garde fortifié (v. BCH 125 [2001] Chron., p. 1018-1019 ; Chronique n.11636) a été poursuivie, en 2001 et 2002, sous la direction de S. Chryssoulaki1, tandis que des sondages et des nettoyages étaient effectués aux abords.
Espace intérieur. Les fouilles à l'intérieur du complexe avaient pour but de préciser le plan du premier état (protopalatial). On a achevé la fouille de la pièce III (fig. 1) ; le dallage de la phase néopalatiale posait sur une couche de remblai (terminus post quem MM IIIB-MR IA.) à l'intérieur de laquelle on a trouvé un pendentif en terre cuite en forme de bucrane avec traces de décor peint en clair-sur-sombre. Dans la partie centrale de la pièce IV a été mis au jour un dallage appartenant au sol de la phase néopalatiale ; un sondage sous le niveau de ce sol a produit une tasse carénée du MM IB-IIA décorée de festons en clair-sur-sombre. On a aussi achevé l'exploration de la pièce V ; la partie inférieure du soubassement contenait de la céramique protopalatiale, dont un fragment de vase cultuel à décor polychrome et encoches en escalier sur les parois. D'une façon générale, l'édifice présente dans son premier état une organisation analogue à celle du second.
Espace extérieur. L'achèvement de l'exploration de la terrasse Nord a montré que celle-ci date de la période protopalatiale ; dans son angle Sud-Est on a repéré un accès qui fut comblé ultérieurement. À l'Est de cette terrasse, où le sol est en forte déclivité, des murs délimitaient une terrasse Nord-Est de plan rectangulaire irrégulier, dont l'aménagement date de la période néopalatiale. Des sondages dans son remblai ont atteint une couche contenant de la céramique protopalatiale ; au sommet de cette couche, le long du mur Nord de l'édifice, a été repérée une rampe qui menait vers l'accès de la terrasse Nord. La partie inférieure de la rampe était comblée avec une couche contenant une abondante céramique, surtout domestique ; ce dépôt de comblement fut sans doute accumulé progressivement, au cours de la première phase d'habitation ; le fait que son terminus post quem est le MM IIIB est d'un grand intérêt, parce que c'est la première fois que du matériel de cette phase est trouvé sur le site dans un horizon bien défini.
Les sondages pratiqués dans la terrasse qui longe la façade Est de l'édifice avaient pour but de repérer la présence éventuelle de constructions annexes et de dégager les amas de pierres provenant de l'écroulement du mur Est. Dans la partie Nord de ce mur on a repéré une porte qui menait dans le compartiment Nord-Est de la pièce V, lequel devait donc être initialement une cage d'escalier ou un espace en demi sous-sol communiquant directement avec l'extérieur. La porte fut comblée à la fin de la première phase.
Au Sud de la pièce VI, un sondage a mis en évidence un alignement de pierres qui était sans doute destiné à délimiter cette pièce du côté Sud ; à cet endroit on a recueilli un poids parallélépipédique en terre cuite (fig. 2) portant une empreinte de sceau avec deux signes d'écriture hiéroglyphique. C'est le premier objet inscrit découvert sur le site ; il suggère l'importance de l'édifice au cours de ses premières phases d'habitation.
Espace environnant. On a dressé le plan topographique de la région avec tous les vestiges architecturaux repérés au cours de la prospection : murs de soutènement, périboles, routes, carrière. Certaines constructions ont fait l'objet de nettoyages et de sondages, destinés à préciser leur rapport chronologique et fonctionnel avec le poste de garde. Le long mur de péribole (T1) qui délimite le plateau du côté Sud-Ouest, a été dégagé sur plusieurs mètres ; il s'agit d'un mur très puissant (ép. 1,50 m), d'appareil mégalithique ; des sondages dans sa partie Nord ont mis au jour, du côté Est, une couche de terre blanche contenant de la céramique fine du début de la période néopalatiale et une ouverture de 1 m de large. L'extrémité Sud de ce mur (T1) aboutit à une puissante construction circulaire (la « tour ») dont le parement extérieur n'a pas été complètement dégagé ; elle était sans doute destinée à contrôler l'accès vers le poste de garde. Au Nord-Ouest de l'édifice, le nettoyage d'un mur de soutènement (T8) a donné des informations intéressantes : ce mur délimite une terrasse dont le remblai, particulièrement épais, contenait des fragments de figurines féminines et masculines de la période protopalatiale, ce qui suggère la présence d'un sanctuaire dont l'emplacement exact ne peut être précisé ; ce dernier pourrait se trouver sur la terrasse même, ou sur le site du poste de garde avant sa construction ; dans le second cas, on pourrait associer à ce sanctuaire primitif les fragments de céramique protopalatiale fine trouvés dans les niveaux les plus profonds de la partie Ouest de l'édifice.
La poursuite de l'étude du matériel céramique a notamment permis d'isoler, dans la couche de terre grise qui scellait le niveau d'utilisation MR IB de la pièce VI, un horizon du MR IIIA ou du début du MR IIIB ; le reste du matériel de cette couche, qui contient des traces de crémation, suggère la présence d'un petit sanctuaire hypèthre — qui témoigne peut-être de l'importance particulière que l'on accordait à ce bâtiment déjà en ruines.
(1) Le rapport concernant le programme de recherche sur les routes minoennes ainsi que son illustration nous ont été aimablement communiqués par S. Chryssoulaki, que nous tenons à remercier.
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