TIRYNTHE. - Ville Basse - 2000
Tirynthe, Tiryntha, Tiryns
En 2000, l'Institut allemand a poursuivi et achevé, sous la direction de J. Maran et en collaboration avec la IVe Éphorie des antiquités préhistoriques et classiques, la fouille d'urgence commencée l'année précédente dans la zone Nord-Est de la ville basse (carrés LXVIII-LXIX 28 et LXVIII-LXIX 30, v. BCH 124 [2000] Chron., p. 803-804).
1) Vestiges mycéniens. — La fouille a mis au jour de nouveaux éléments de l'habitat mycénien, fortement perturbés à l'Âge du Fer et assignables à trois phases relativement rapprochées dans le temps : d'après un premier examen de la céramique, les couches les plus anciennes datent de l'HR IIIC Ancien, les bâtiments et sols les plus récents de l'HR IIIC Avancé. Une forte érosion explique l'absence de couches de l'HR IIIC Récent, tandis que les couches profondes n'ont pas encore été explorées.
La séquence stratigraphique du secteur Nord-Est de la ville basse peut être reconstituée comme suit :
– Les premiers vestiges architecturaux (deux murs et un sol à pavement de galets soigné), datés de l'HR IIIC Ancien, reposent sur des couches alternées de fin gravier, de terre argileuse et de galets (également recoupées lors de la fouille du dépôt votif archaïque, v. infra) résultant d'une inondation, probablement la même que celle qui avait déjà été observée par K. Kilian dans le secteur Nord-Ouest de la ville (v. BCH 101 [1977] Chron., p. 549) et E. Zangger (v. BCH 118 [1994] Chron., p. 708). Les constructions postérieures oblitèrent la compréhension de cet habitat.
– C'est au plus tard pendant la deuxième phase qu'apparaît le plan des maisons agencées autour d'une cour, plan déjà noté dans la zone Nord-Ouest de la ville basse et dans la citadelle basse. Soulignons quelques particularités dans la technique de construction des habitations, dont la destruction par incendie intervint à la fin de l'HR IIIC Ancien ou dans le courant de l'HR IIIC Avancé : usage fréquent de grands blocs dans les parties inférieures des fondations (fig. 59), présence (comme dans la salle centrale du palais, le « mégaron W » de Tirynthe et le « mégaron » de Midéa) de bases de pierre en forme de tambour destinées à soutenir des colonnes en bois. Une rue partiellement pavée de dalles de calcaire reliait le groupe de maisons exploré aux autres quartiers occidentaux.
Les trouvailles attestent de profondes modifications de la disposition des pièces au fil du temps. Dans l'unité découverte en 1999, les contours de récipients de stockage visibles à l'Est de la cour suggèrent la présence de magasins dans cette partie de la maison. Le caractère soudain de la destruction explique la conservation de nombreux vases, ainsi que d'un lampadaire mural en argile, rare exemple en contexte post-palatial d'un type d'objet originaire de Chypre.
– Le secteur a été profondément modifié lors de la troisième phase : la grande pièce aux bases de colonnes ne fut pas reconstruite mais son entrée fut réaménagée et la grande cour divisée en deux parties reliées par un passage : à l'Est la fouille a mis au jour un ensemble de structures en terre cuite en forme de cuves qui témoigne d'activités de stockage (fig. 60), à l'Ouest des foyers et d'autres structures en forme de cuves.
La présence d'autres maisons sans doute contemporaines de la troisième phase et de la suivante a été relevée au Nord de la zone explorée.
– Au cours de la quatrième phase la séparation de la cour disparut et l'espace demeura vide, entouré d'unités d'habitation au Sud, à l'Ouest et au Nord ; la fonction précise de ces dernières ne peut être précisée en raison d'importantes perturbations survenues à l'Âge du Fer.
Parmi le matériel HR IIIC figurent un poignard en bronze et un petit fragment d'ivoire travaillé.
2) Vestiges post-mycéniens. — L'érosion a occasionné une forte déclivité qui n'a préservé par endroits que les vestiges profonds (tombes et fosses).
– Époque PG : une association de tombes (dont deux cistes, l'une contenant le squelette d'une femme avec deux épingles en fer, l'autre une sépulture d'enfant sans offrande) et de vestiges d'habitat PG (fosses avec céramique caractéristique du PG Ancien) rappelle, à la lisière Nord-Est de l'acropole, des trouvailles analogues faites dans les années 1970 dans le secteur Ouest de la ville et renforce l'hypothèse d'A. Papadimitriou, selon laquelle l'habitat était alors constitué de plusieurs groupes d'installations agricoles liés à un réseau routier et dotés de leur propre cimetière.
– Époque GR : la fouille partielle d'un atelier céramique a livré la première construction de l'Âge du Fer, avec sols et couloirs dallés (fig. 61) et fours de deux types : l'un à grande chambre circulaire ou elliptique, parois en briques crues, briques cuites et fragments de tuiles ; l'autre composé de deux petites chambres superposées, implantées dans une fosse tapissée d'argile et dotées d'ouvertures distinctes pour le feu. D'après les déchets de cuisson, l'atelier produisait des vases peints de grande taille (formes ouvertes et fermées). L'emploi de briques cuites et de tuiles dans la construction d'un atelier à Tirynthe, site secondaire à l'époque géométrique, suggère une large diffusion de ces nouveaux matériaux en Grèce méridionale.
La trouvaille géométrique la plus notable est une tête de figurine de guerrier peinte.
– Époque archaïque : la poursuite de la fouille du dépôt découvert en 1999 (v. BCH 124 [2000] Chron., p. 804) a produit de nouveaux exemples de figurines en terre cuite, dont des cavaliers, et des vases miniatures mêlés à des matériaux divers (moellons, fragments de tuiles, ossements, cendres, charbon). On souligne l'absence de figurines féminines, fréquemment retrouvées au pied de la citadelle haute. Seules les couches de remplissage de la fosse qui contenaient des moellons et des tuiles présentent un caractère rituel : il pourrait donc s'agir à l'origine d'un puits, ultérieurement remployé comme dépôt votif. En profondeur, la fosse a recoupé les couches mycéniennes et contient des pierres qui peuvent provenir de la destruction de maisons HR.
Signalons la parution du guide Τίρυνς. Ιστορικός και αρχαιολογικός οδηγός (2001), par Α. Papadimitriou, Ν. Kritsélas et E. Vlachou, disponible en plusieurs langues.
J. Maran discute, dans Potnia, p. 113-122, des deux états successifs du mégaron du palais mycénien (v. en dernier lieu BCH 124 [2000] Chron., p. 804) et de la continuité du culte dans la citadelle haute après la destruction de la fin de l'HR IIIB.
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