DESPOTIKO. – Mandra - 2002
Sur cet îlot situé à l'Ouest d'Antiparos, le Service archéologique a poursuivi, de 1999 à 2002, les fouilles systématiques sur le site de Mandra (v. BCH 125 [2001] Chron., p. 988), mettant au jour de nouveaux vestiges du sanctuaire archaïco-classique, notamment un bâtiment allongé (Nord-Sud) formé de cinq pièces disposées en enfilade (fig. 1). Les trois pièces de la partie Sud constituent une unité indépendante, flanquée à l'Est d'un prostoon dont le stylobate, long de 18 m, porte au lit d'attente les traces de colonnes doriques. Les deux pièces de la partie Nord, construites à un niveau légèrement inférieur, ont presque les mêmes dimensions (8 x 8 m) et s'ouvrent du côté Est sur une sorte de vestibule. Les façades du complexe sont très bien conservées : deux assises en marbre en appareil isodome sur une puissante assise de réglage en grosses dalles de schiste. La démolition de l'étable (mandra), à laquelle le site doit son nom, a permis de récupérer plus de cinq cents éléments architecturaux.
Au Sud-Est du complexe, la fouille a mis au jour plusieurs bâtiments postérieurs dont les pièces, très petites, incorporent des remplois provenant du temple dorique mais aussi de bâtiments plus anciens. Ces constructions confirment que l'espace fut réoccupé à l'époque médiévale. Au-dessous, on a trouvé la suite du mur Sud du complexe archaïque, qui forme une sorte de péribole en L. C'est à l'intérieur de ce péribole, donc à l'Est du complexe, que devraient se trouver les vestiges du temple lui-même.
La fouille de la pièce Sud du complexe a produit un grand nombre d'objets archaïques d'origine ionienne, rhodienne, chypriote et égyptienne, trouvés parmi les débris d'un sol antérieur en dalles de schiste. Ces objets furent probablement placés sous les dalles du nouveau sol de la pièce lors de travaux de rénovation du temple, pendant une deuxième phase archaïque. Selon une autre interprétation, cette pièce serait le trésor du sanctuaire. Parmi les trouvailles, on mentionne un grand nombre de vases, dont des aryballes protocorinthiens et corinthiens en forme d'animaux (coq, lièvre) ou d'organes génitaux, des figurines en terre cuite, des statuettes et autres objets en faïence, des bagues-cachets en pierres semi-précieuses, des fibules en huit en os et en bronze, une tête d'épingle en or en forme de grenade, un œuf d'autruche, des perles en verre et en or, des armes et des outils agricoles. À noter surtout la partie supérieure d'une statue en terre cuite de style dédalique, coiffée d'un polos, les détails du visage soulignés par de la peinture (680-660 av. J.-C. environ) (fig. 2) et deux trouvailles d'un intérêt particulier : un fragment de périrrhantérion en marbre portant l'inscription : Μάρδης ἀνέθηκεν, et un vase attique inscrit ...Απόλλω[... La fouille a également produit de nombreuses pièces de sculpture, dont deux têtes de kouroi archaïques (fig. 3).
D'après les données dont on dispose, on peut interpréter cet ensemble comme un temple ou comme les pièces annexes d'un sanctuaire. Le mobilier et les éléments architecturaux présentent de grandes ressemblances avec ceux du Délion de Paros, consacré à Apollon et Artémis. Il est donc probable que dans le sanctuaire de Despotiko on adorait aussi ces deux divinités, hypothèse renforcée, bien sûr, par l'inscription ...Απόλλω[... . La variété des objets importés suggère que l'îlot entretenait des relations avec les plus grands centres archaïques, comme Corinthe, les îles de l'Egée et la Méditerranée orientale.
Ημερολόγιο 2002 [Y. Kourayos1].
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