NÉMÉE ANTIQUE - 2000
Archaia Nemea, Iraklio (Previous)
1) Premier temple de Zeus. — Une exploration préparatoire au remontage des colonnes du temple du IVe s. a révélé, dans les fondations de l'extrémité orientale du monument, plusieurs blocs provenant du premier temple (fig. 45), qui était plus petit (10 x 36 m) que son successeur (22 x 45 m) mais suivait la même orientation, décalé vers le Sud (fig. 46). Les remblais devant le temple du IVe s. contenaient des milliers de fragments de blocs du premier temple. L'absence quasi totale de tuiles indique que la façade Est du monument comportait un fronton triangulaire et non un toit en croupe comme à l'Ouest (v. BCH 104 [1980] Chron., p. 593) ; d'autre part, l'absence de sculptures en pierre ou en terre cuite et la présence de nombreux fragments de pierres recouvertes d'enduits peints (fig. 47) attestent que le décor du fronton n'était pas sculpté mais peint.
Devant la façade, la fouille a mis au jour un sol d'argile blanche avec traces de roues de chars antiques (fig. 48), semblable à celui du stade archaïco-classique (v. en dernier lieu BCH 124 [2000] Chron., p. 795), sol caractéristique du sanctuaire de Zeus au VIe s. ; aux abords du mur du premier temple, un pavement constitué d'épaisses couches de mortier qui témoignent de l'usage de ce matériau dans l'architecture grecque.
Les travaux de restauration du temple ont été poursuivis avec le remontage de deux colonnes, l'une en entier, l'autre jusqu'à mi-hauteur.
2) Enclos en Π. — À une centaine de mètres au Nord-Ouest du temple, près du sanctuaire d'Opheltès, un sondage destiné à localiser l'extrémité Nord du stade archaïco-classique (dont la ligne de départ avait été repérée, en 1999, à environ 180 m au Sud), n'a pas livré les résultats escomptés. Ce sondage a en revanche révélé un énigmatique petit enclos en Π datant du IVe s. av. J.-C. Les nombreuses monnaies récoltées (parmi lesquelles un très fort pourcentage de pièces en argent, dont quatre de Sicyone) témoignent d'une intense activité dans le secteur au IVe s., tandis que les pointes de flèche trouvées en abondance doivent probablement être mises en rapport avec la destruction violente de Némée au Ve s.
3) Hippodrome (?). — Deux opérations ont permis de localiser l'hippodrome au Nord-Ouest du sanctuaire d'Opheltès (v. ibid.) :
– Le nettoyage et le dégagement complet des murs découverts en 1999 à l'extrémité Ouest d'une canalisation (v. ibid.) ont révélé qu'ils formaient un réservoir à trois compartiments d'où l'on a extrait de nouvelles lampes du IIIe s. ap. J.-C. (fig. 49) ; toutes les lampes, qui n'auraient servi qu'une seule fois (traces de feu sur l'embouchure peu prononcées), sont de types différents, comme s'il s'agissait d'une collection déposée délibérément dans la structure. Le compartiment central (ca 2 x 3 m), seul fouillé jusqu'à présent mais dont le fond n'a pas encore été atteint (prof, supérieure à 5,50 m), était construit en blocs de calcaire soigneusement taillés et recelait une grande quantité de récipients pour puiser l'eau. Si les deux compartiments latéraux ont les mêmes dimensions que le premier, la capacité totale du réservoir dépassait 100 m3. Sa date de construction est suggérée par les nombreuses monnaies de la fin du IVe s. av. J.-C. trouvées dans les couches adjacentes.
La canalisation, le réservoir et un puits voisin légèrement plus ancien témoignent d'un grand besoin en eau dans une zone du sanctuaire de Zeus éloignée du bain, de l'hôtel, de la fontaine sacrée et du temple : les fouilleurs proposent d'associer ces installations aux écuries de l'hippodrome.
– Au Nord du sanctuaire d'Opheltès, une fouille a montré que le tertre artificiel avait été agrandi au VIe s. av. J.-C. vers le Nord, comme vers le Sud-Ouest (v. BCH 122 [1998] Chron., p. 752), le Sud et l'Est (v. BCH 123 [1999] Chron., p. 677), par des remblais successifs contenant exclusivement de la vaisselle rituelle à boire et alternant avec des strates rouges inclinées dans lesquelles avaient été enfoncés des moellons, peut-être pour créer l'illusion que le tertre était très ancien. La pente Est devait servir de gradins pour le stade archaïco-classique ; au pied du versant Ouest, très escarpé, une série de couches sablo-graveleuses conservait des ornières de roues de chars, que les fouilleurs associent à la bordure orientale de la piste de l'hippodrome des VIe- Ve s. av. J.-C.
Le cœur du tertre était constitué de terre rouge contenant de la céramique mycénienne (ΧIIIes.) et quelques tessons géométriques. On ne saurait dire si la céramique plus récente provient d'un réaménagement d'une butte mycénienne ou de la construction de la butte elle-même. De toute manière, l'hypothèse du tertre artificiel doit être revue. En résumé, un tertre fut élevé comme sanctuaire d'Opheltès au VIe s. av. J.-C, peut-être en 583, date à laquelle les jeux Néméens devinrent un concours panhellénique. Le stade archaïco-classique et l'hippodrome primitif furent implantés le long des deux pentes opposées du tertre, selon une organisation qui semble imiter celle du sanctuaire d'Olympie.
Mentionnons pour finir la découverte d'une feuille de céleri en bronze (fig. 50), qui provient peut-être de la statue d'un vainqueur aux jeux Néméens à l'époque archaïque ou classique (500-420 av. J.-C).
Le deuxième volume de la série des fouilles de Némée est paru en 2001 : The Early Hellenistic Stadium, par S. G. Miller, R. C. Knapp et D. Chamberlain.
S. G. Miller publie, dans Mélanges Tzachou-Alexandri, p. 461-468, les fragments de deux tables à sacrifice, dont l'une conserve une dédicace (ca 300 av. J.-C.) [Επι]δαυρίοις και τωι θεωι, c'est-à-dire aux dieux d'Épidaure (sans doute Apollon et Asklépios) et au dieu de Némée (Zeus).
M. Kayafa, S. Stos-Gale et N. Gale, Metals Make the World Go Round, p. 39-55, présentent les résultats d'analyses (par isotopes du plomb) d'objets métalliques de Tsoungiza, résultats confrontés à ceux obtenus pour des objets provenant de Litharès et de Lerne.
(6) Nous tenons à remercier S. G. Miller de nous avoir fourni la documentation photographique reproduite ici. Voir aussi le site électronique www.nemea.org.
Légende graphique :
localisation de la fouille/de l'opération
localisation du toponyme
polygone du toponyme Chronique
Fonctionnalités de la carte :
sélectionner un autre fond de plan
se rapprocher ou s'éloigner de la zone
afficher la carte en plein écran