ANDROS. – Strophilas - 2002

En 2001-2002 a été poursuivie, sous la direction de Chr. Télévantou, l'exploration du vaste établissement préhistorique (NF-début du BA) situé au sommet d'un promontoire naturellement fortifié sur la côte Ouest de l'île, juste au Nord de Zagora (v. BCH 125 [2001] Chron., p. 981). La poursuite des fouilles a révélé de nouvelles maisons rectangulaires et absidales de grandes dimensions, aux murs épais et soigneusement appareillés parfois conservés jusqu'à 1 m de hauteur. On a aussi poursuivi le dégagement du rempart, bien conservé (fig. 1), qui protégeait l'habitat du côté de la terre ferme (v. ibid.). Long d'une centaine de mètres et haut de 2 m par endroits — sa hauteur originelle est estimée à 4 m —, il mesure 1,60 à 2 m d'épaisseur et présente deux parements avec remplissage de moellons et d'argile. À son extrémité Ouest, on a repéré une porte (larg. 1,50 m) précédée d'une rampe et protégée sur l'un des côtés par une puissante tour curviligne. Deux autres tours renforcent la partie centrale du mur et la portion située entre cette dernière et la porte Ouest. Outre une abondante céramique, on a recueilli un matériel lithique particulièrement riche (pointes de flèche en obsidienne, foliacées ou pédonculées), plusieurs outils en bronze (poignard, poinçons), des bijoux en or et autres matériaux, des figurines, des vases en pierre et divers objets (pendentifs, pesons, etc.).
L'un des intérêts majeurs du site tient à la présence de gravures rupestres représentant des scènes figurées : une grande composition comportant au moins dix-sept animaux, dont des félins et des cervidés, a été repérée sur un rocher juste à l'extérieur du rempart. La face externe du rempart lui-même est décorée d'une série de gravures qui ont pour thème principal le bateau, tantôt isolé (notamment du côté Est de la porte), tantôt en file (sur la tour centrale). Outre son intérêt artistique et symbolique, ce motif vient renouveler l'image que l'on avait des bateaux néolithiques, considérés jusqu'à présent comme de frêles embarcations. D'autre part, ce motif reflète peut-être les liens existant entre l'établissement de Strophilas et la mer, la navigation étant sans doute à l'origine de l'importance et du développement du site. C'est sans doute ce même lien qu'exprime une autre grande composition (bateaux, poisson, canard, univers aquatique suggéré par des lignes courbes ou spiralées) qui s'étale sur un grand espace (70 m²) à l'intérieur de l'habitat, au milieu de bâtiments importants ; il s'agit probablement d'une salle qui était couverte, au moins en partie, et munie sur l'un des longs côtés d'un sol en argile surélevé (blanc et rouge), d'une banquette et d'une construction circulaire en pierre ; une série de cavités et une grande entaille dans le sol, sans doute pour des libations, suggèrent que l'espace avait une fonction particulière, peut-être cultuelle, dans le cadre de pratiques cérémonielles liées à l'élément liquide. D'un intérêt particulier sont aussi les nombreux motifs en anneau — du type des pendentifs néolithiques bien connus, généralement interprétés comme des figures humaines schématiques — qui confirment l'attribution chronologique des gravures rupestres à la fin du Néolithique.
Ημερολόγιο 2002 [Chr. Télévantou¹].