CORINTHE ANTIQUE - 2000
Archaia Korinthos, Palaia
La campagne de 2000, dirigée par G. Sanders5, a porté sur le terrain de la Panaghia, aux abords Sud-Est du forum (v. en dernier lieu BCH 124 [2000] Chron., p. 792), où l'on a poursuivi l'exploration de la maison urbaine et de vestiges modernes, ainsi que sur la terrasse au Nord du théâtre et à l'Ouest de l'Asklépieion, où l'on a effectué des mesures de résistivité.
1) Maison urbaine. — Les travaux se sont limités à la remise au jour des sols et à la fouille des tranchées de fondation des murs de la maison (pillés à l'époque médiévale, v. ibid.). On a également ouvert un sondage afin de localiser la rue sur laquelle s'ouvrait la maison et étendu la fouille sur 550 m2 vers le Nord, dégageant les couches du XIXe s. en vue de la prochaine campagne.
Tous les vestiges dégagés dans la maison urbaine (explorée sur ca 750 m2) appartiendraient à un seul bâtiment (fig. 44). Dans l'état actuel des recherches, ce dernier comprend deux cours à péristyle, dont l'une avait été prématurément identifiée comme des latrines (v. ibid.), et plusieurs pièces. Cinq d'entre elles – dont deux sont dotées d'une fontaine et d'un pavement en mosaïque ou en marbre, une autre d'un sol en mosaïque à motifs géométriques complexes – situées entre les deux péristyles, semblent avoir une fonction publique plutôt que privée. Les traces des seuils et l'étude du réseau d'adduction et d'évacuation des eaux permettent de restituer leur enchaînement : elles étaient reliées à une vaste salle située au Nord, par la canalisation qui alimentait la fontaine de la pièce adjacente. Quatre nouvelles pièces de grand module ont été fouillées au Nord et à l'Est de la cour orientale.
Sur les sols, qui avaient été exceptionnellement bien nettoyés, on n'a retrouvé que quelques tessons et un récipient de cuisine fragmentaire ; ce dernier était scellé par la couche de destruction dans la pièce située au Nord de la cour orientale, là où avait été découverte la peinture murale représentant une Niké (v. ibid.), dont on a retrouvé cette année de nouveaux fragments.
Le matériel de la couche d'utilisation d'un puits fouillé en 1999 (fig. 44, « Well 99-1 ») fournit un terminus post quem pour la construction de la maison : la céramique descend jusqu'au IIIe s. ap. J.-C. et les monnaies jusqu'à Valentinien I (253-260). Ce puits fut scellé par la construction de trois murs à la jonction des pièces 10, 11 et 12. L'approvisionnement en eau de la nouvelle maison était assuré par des canalisations qui menaient à la cour pavée de mosaïques et aux fontaines à partir d'un réservoir qui devait se situer au Sud ; les monnaies recueillies dans la couche de destruction cendreuse attestent que la maison fut détruite par un incendie vers 365-375 ap. J.-C.
Dans la partie Ouest de la maison, la fouille des tranchées de récupération des murs (pillés au VIe s. pour la construction des thermes et de l'édifice tardo-romain) a livré des restes de trois vases appartenant à des types GA et GM fréquents dans les tombes. Ces trouvailles, qui s'ajoutent à une épingle et une bague géométriques découvertes lors de campagnes précédentes, suggèrent que le pillage des murs a perturbé des tombes géométriques. Dans la partie Est, la fouille sous le sol romain a révélé deux murs à angle droit antérieurs à la période classique.
2) Vestiges modernes. — Au Nord de la maison urbaine, on a dégagé les vestiges de maisons qui présentent pour la plupart un plan en enfilade (usuel dans le village jusqu'à une date récente). Ces maisons, qui figurent sur un plan du milieu du XIXe s. dans le quartier dit Kavalla Mahalla, aujourd'hui Arapo Mahalla, furent sans doute construites après la guerre d'Indépendance, qui dévasta la ville, et détruits par le séisme du 21 février 1858. L'abondante céramique, les monnaies, les objets en verre et en métal recueillis dans les remblais sont datés entre 1820 et 1860.
La première maison fouillée (18 x 5,50 m), fortement endommagée par les labours, était formée d'une enfilade de trois pièces dont aucun sol n'était conservé (une salle commune avec foyer au Sud, une pièce de stockage au centre, une étable au Nord avec une structure rectangulaire en pierre et un sol d'argile blanche qui recelait quatre fers à cheval) et d'un jardin avec restes d'un four. Le remblai de la partie Sud du jardin contenait de la céramique du 2e quart du XIXe s.
Au Nord de la maison, dans le cimetière lié à l'église de la Panaghia, on a fouillé deux tombes et deux tas d'ossements brûlés et localisé d'autres sépultures dont deux sont antérieures à 1830.
Au Nord-Est de la maison, on a dégagé la moitié d'une petite structure assez bien conservée avec porche pavé de cailloutis, murs, sol et foyer tapissés d'une fine couche d'argile marneuse. Le sol, qui conservait les traces de deux grandes jarres, était recouvert d'une épaisse couche de tuiles dans laquelle on a trouvé deux bouteilles en verre, un fragment d'assiette du milieu du XIXe s. et six boutons d'uniforme.
3) Terrasse au Nord du théâtre et à l'Ouest de l'Asklépieion. — Les mesures de résistivité effectuées, en collaboration avec M. Boyd et I. K. Whitbread (École britannique, Fitch Laboratory), pour détecter des vestiges du mur d'enceinte de la cité romaine, n'ont pas apporté les résultats attendus. En revanche, on a repéré des vestiges appartenant sans doute aux murs latéraux, à la spina et à la sphendonè du cirque qui avait été identifié par C. K. Williams II à partir des restes de la spina mise au jour par l'Université du Texas près du gymnase (v. Hesperia 38 [1969], p. 64-106). Le monument, d'une longueur dépassant 400 m (larg. 70 m), est orienté Est-Ouest et doté de carceres sur le côté Est.
À l'issue de la campagne, environ 80 % des mosaïques dégagées dans les années 1920 au marché Nord ont été nettoyées et consolidées.
A. Oliver présente, dans Hesperia 70 (2001), p. 349-363, le médaillon de mosaïque en verre d'époque romaine découvert en 1981 dans un vaste bâtiment à l'Est du théâtre (v. BCH 106 [1982] Chron., p. 543).
J. Lev-Tov étudie, dans Palaeodiet in the Aegean, p. 85-98, la faune recueillie dans le complexe monastique franc fouillé par l'École américaine (v. en dernier lieu BCH 123 [1999] Chron., p. 673), matériel qui atteste que les moines avaient adopté les pratiques alimentaires locales.
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