ÉRÉTRIE - 2001
Fouilles de l'École suisse. — En 2001, les fouilles se sont poursuivies pour la quatrième année consécutive au Sud du temple d'Apollon Daphnéphoros, sous la direction de S. Verdan ; une troisième campagne de prospection a été conduite aux abords de la ville, sous la conduite de P. Simon.
1) Sanctuaire d'Apollon Daphnéphoros. — La fouille de 2001 constituait la dernière étape du programme de recherches inauguré en 1998 et visant à compléter la connaissance des phases géométriques par l'exploration de la zone située au Sud du temple archaïque. Grâce au dégagement systématique de cet espace, le plan s'est enrichi de plusieurs constructions, dont les plus importantes sont un édifice de plan absidal (M4-M6) et un long mur de limite (M3) (fig. 1).
Bordure Sud-Est. Durant cette campagne, on a fouillé un nouveau tronçon du mur M3 (v. BCH 125 [2001] Chron., p. 975). La double fonction de ce mur, qui protège les autres installations contre les phénomènes fluviaux en même temps qu'il marque une limite claire, se voit confirmée, tout comme sa datation : il apparaît dès le début de l'occupation géométrique. Le mur M3 s'interrompt derrière l'édifice absidal M4-M6. Les alluvions qu'il retient en amont occupent alors l'espace laissé libre, viennent s'accumuler contre le bâtiment lui-même, puis, au Sud-Est, se déposent sur une large superficie où aucune structure ni couche d'occupation n'a été découverte ; il est clair que l'on se trouve ici à l'extérieur du lieu principal d'activités.
Au Nord-Ouest du temple, on a cherché à mettre en évidence la jonction supposée entre les murs M8 et M3 (sondage 20). Contrairement aux attentes, deux nouveaux murs sont apparus, M14 et M15 , dessinant un angle ; leur datation remonte à l'époque géométrique. Le mur M15, à l'instar de M3, sert à retenir les alluvions qui se déposent au Sud. On a donc affaire à l'extrémité d'une nouvelle « parcelle ».
Dans ce même sondage, à l'extérieur de l'angle formé par les murs M14 et M15, les niveaux géométriques ont livré plusieurs éléments témoignant d'une activité métallurgique : deux petits foyers avec des scories et des coulures de bronze, des fragments de creusets et des tuyères, ainsi qu'une importante quantité de scories ou de déchets ferreux et cuivreux. Des traces d'une activité semblable avaient déjà été repérées au Nord-Est, notamment dans l'édifice 17. Il apparaît donc que le métal était travaillé en différents endroits à l'intérieur ou en périphérie du « quartier » géométrique.
Autel. Deux interventions, en 2000 (sondage 15) et en 2001 (sondage 19), ont été menées autour de l'autel géométrique (12), que l'on pensait pouvoir attribuer à la première phase de construction du site (milieu du VIIIe s. av. J.-C.). Mais les nouvelles fouilles remettent en cause cette interprétation : tout indique que l'utilisation de l'autel doit être située dans la dernière phase d'occupation géométrique (fin du VIIIe s.).
« Daphnéphoreion ». Lors de la découverte de cet édifice (1), en 1970, une série de structures accolées au mur avaient été décrites comme étant des « bases de colonnes en argile ». Une fouille de contrôle à l'emplacement de deux d'entre elles a montré qu'il s'agissait en fait de trous de poteau, dont les traces se distinguent sans peine dans l'argile sous-jacente. Comme l'avançait déjà le premier fouilleur, ces éléments ont bien été implantés avant le mur de pierre, mais ils appartiennent à la même phase de construction.
Dans un sondage implanté à l'Ouest de cet édifice (sondage 16), on a vidé une profonde fosse d'époque géométrique. Son contenu était semblable à celui des autres fosses découvertes aux alentours (v. ibid). Outre une abondante céramique, on en a extrait de nombreux restes végétaux conservés dans l'eau de la nappe phréatique (notamment des morceaux de bois, des noyaux d'olive, des pépins de raisin et autres graines), qui constituent une source de renseignements originale.
La poursuite de la fouille dans la fosse 69, à côté de la fosse précédente, a atteint un niveau préhistorique, signalé par un solide empierrement et par quelques tessons de céramique grossière, qui témoignent d'une présence humaine sur le site du sanctuaire remontant sans doute à l'HA ou à l'HM.
2) Prospection. — Avec la troisième campagne de prospection s'est achevé le premier volet de recherches sur la chôra érétrienne, qui avait pour objectif d'établir une première estimation de l'occupation du territoire et de son évolution. Les recherches se sont concentrées sur deux nouveaux secteurs dans la partie Nord de la plaine érétrienne. On a, d'une part, procédé à un examen attentif des reliefs de la chaîne du Voudochi ; la méthode de prospection extensive, déjà employée durant la campagne de l'année 2000 (v. BCH 125 [2001] Chron., p. 975-976), a permis de passer en revue de nombreuses lignes de crête et des sommets qui n'avaient guère retenu l'attention jusqu'ici. D'autre part, on a achevé la prospection intensive en étudiant la zone située au pied de ces mêmes reliefs. Ainsi la séquence géomorphologique qui caractérise le paysage dans lequel la ville s'implanta se présente schématiquement comme suit, en partant de la mer :
– la bande côtière, caractérisée par l'absence quasi totale de vestiges antiques ;
– la plaine alluviale, occupée aux abords de la ville presque exclusivement par les nécropoles ;
– les premiers contreforts sur lesquels s'établissent les occupations de type agricole, et dont l'acropole d'Érétrie représente la limite méridionale ;
– les reliefs dominant la plaine, dans lesquels se répartissent stratégiquement des sites fortifiés mais qui semblent également, dans les vallées secondaires, abriter des petites exploitations agricoles.
De nombreux sites préhistoriques ont été repérés depuis 2000. Ils se concentrent principalement sur les reliefs surplombant la plaine, mais il est douteux que cette répartition soit représentative car les vestiges découverts sont tous liés à des activités rituelles ou funéraires. De plus, il faut s'abstenir de conclure, pour cette époque, à l'absence de vestiges de ce type dans la plaine, car celle-ci n'a cessé d'être exploitée durant les périodes suivantes, ce qui a pu contribuer à les faire disparaître. Un premier examen du matériel céramique recueilli montre que ces sites se répartissent sur une période allant de l'HA à l'HM.
Plusieurs nouveaux sites fortifiés ont été découverts en 2001 (v. ibid), portant leur nombre à une douzaine. Ils s'établissent, en gros, sur deux lignes distinctes séparées par la vallée de l'Adéros. Mais outre le fait que la datation de ces structures s'avère délicate à préciser, leur fonction même pose aussi souvent problème. On pense malgré tout pouvoir attribuer à la cité d'Érétrie l'édification de ces ouvrages, qui ont pu fonctionner pendant la première moitié du IVe s. av. J.-C. et dont certains éléments remontent peut-être au milieu du Ve s. Parallèlement à la prospection archéologique, le contexte géographique a bénéficié d'une étude, la priorité étant accordée au relevé géomorphologique d'une zone de 2 km de large environ comprise entre la mer et le sommet du Voudochi.
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