AMPHIPOLIS. - Colline de Kasta - 2014

Près d’Amphipolis, K. Péristéri (XVIII^e éphorie des antiquités préhistoriques et classiques) a poursuivi en 2014 la fouille de la tombe monumentale de la colline de Kasta.

Les recherches ont confirmé que le tumulus renfermait un monument funéraire construit au dernier quart du IV^e s. av. J.-C. La fouille, qui s’est déroulée d’aout à novembre, a mis au jour l’ensemble du monument qui s’articule en quatre espaces : un escalier d’accès suivi de trois pièces voûtées en enfilade (fig. 1).

La façade de la première pièce (fig. 2), comportant une porte d’une largeur de 1,67 m, est construite en marbre. Elle porte un décor peint de couleur rouge, bleu et noir imitant un style ionique. Le linteau de la porte est surmonté de deux sphinges affrontées, en marbre de Thasos, découvertes sans leur tête. La tête de l’une des deux sculptures a été trouvée dans la troisième pièce (fig. 3). Leur hauteur restituée est estimée à environ 2 m.

La première pièce, dont les murs latéraux sont construits en blocs de poros revêtus d’un placage de marbre au décor imitant l’appareil de construction du péribole, présente un sol en opus sectile (éclats de marbre de formes diverses, prises dans un mortier de couleur rouge).

Au Nord de la pièce, le deuxième espace est précédé de deux caryatides imposantes, placées sur des podiums (haut. 3,67 m). L’accès à la pièce se fait par une ouverture dont le seuil est en poros stuqué (fig. 4-5).

Le sol de la deuxième pièce comporte un pavement de mosaïque constitué de petits galets de couleur blanche, noire, grise, bleu, rouge et jaune (fig. 6). La scène centrale est encadrée d’une bande ornementale, d’une largeur de 0,60 m, composée d’un double méandre, de carrés et d’une spirale. L’arrière-plan de la scène est de couleur gris-bleu. La scène centrale représente un char en mouvement, tiré par deux chevaux blancs et conduit par une figure masculine barbue, portant une couronne de laurier. Derrière, une figure féminine jeune, représentée avec des boucles rouges dans le vent, portant un chiton blanc retenu par une fine ceinture rouge sous la poitrine. Elle porte un bracelet au poignet gauche. En avant du char est représenté le dieu Hermès psychopompe, portant le pétase, un manteau, des sandales ailée et tenant le caducée. La scène est identifiée comme la représentation mythologique de l’enlèvement de Perséphone par Hadès. La partie centrale de la mosaïque comporte une lacune de forme circulaire (0,80 m de diamètre). Des éléments de la partie manquante ont été trouvés dans le remblai sableux.

Au Nord de la pièce, le troisième mur de refend comporte un seuil en marbre légèrement surélevé par rapport au sol ; celui-ci porte des rainures semi-circulaires pour faciliter le mouvement de la porte à double battant en marbre, dont les fragments ont été retrouvés dans le remblai du monument. Cette porte ouvrait sur la troisième salle, qui renfermait dans un creusement une grande tombe à ciste (dim. 3,23 x 1,56 m ; hauteur 1 m; fig. 7-8), retrouvée pillée (le squelette du défunt a été trouvé dispersé à l’intérieur et à l’extérieur de la tombe). Des éléments appartenant au cercueil en bois décoré ont été trouvés dans le remblai de la fosse (clous en fer et en bronze, pièces en verre et en os).

À une époque postérieure à la construction du monument, celui-ci a été entièrement remblayé par des sédiments sableux, tandis que les ouvertures entre les pièces étaient scellées par des murs en blocs de poros taillés. Le sol de la troisième chambre a lui aussi été scellé par un sol constitué de blocs de poros identiques.

Par ailleurs, les travaux de consolidation et de restauration du monument, qui ont pris place au fur et à mesure des découvertes, se poursuivent et ont fait connaître un décor peint sur les « épistyles » de la deuxième chambre. Le décor représente un taureau au centre (fig. 9), entouré de deux figures en mouvement, un homme et une femme, avec aux extrémités des hydries et des figures ailées. La figure ailée de droite se dirige vers un lébès sur trépied. Des traces de couleurs sont visibles à divers endroits. La partie supérieure des linteaux est ornée d’une frise ionique.