DREROS - 2013

Dans le cadre d’un programme commun de l’Ecole française d’Athènes et de la XXIV^e éphorie des antiquités préhistoriques et classiques de Crète de l’Est, A. Farnoux (EfA) et V. Zographaki (XXIV^e éphorie) ont poursuivi en 2013 la fouille de la cité antique de Dréros (fig. 1). Les efforts ont été concentrés sur l’agora et sur la maison du four à chaux dans le secteur 5, sur la pente Nord du site. Un sondage a été réalisé sur l’acropole Ouest pour vérifier les accès au temple : aucun accès construit n’a été identifié en avant de la terrasse hellénistique. À l’agora, le déplacement complet du large pierrier installé sur la bordure Ouest a permis de mettre enfin au jour l’ensemble des constructions qui marquent la limite occidentale de la place, tandis qu’un nouveau nettoyage approfondi des vestiges au Sud dégagés en 1932 et 1936 a fait apparaître de nouveaux degrés (fig. 2). Des nettoyages sur le côté Est ont montré que la zone n’avait pas été aménagée en relation avec la place : une simple ruelle, de date incertaine, prend naissance sur la place et se dirige vers l’acropole Est. Le nettoyage massif du mur Nord qui soutient l’agora a permis de commencer l’étude de sa construction et des remaniements qu’il a connus. Des sondages dans l’agora elle-même ont mis au jour le sol de terre et de galets déjà découvert en 2011. L’agora se présente aujourd’hui comme un vaste ensemble monumental en forme de gamma, composé de deux branches, au Sud et à l’Ouest, formant un angle ouvert et munies de degrés construits en pierre (de 2 à 5 niveaux conservés), relevant de phases de construction différentes. Le dernier état de cet ensemble est hellénistique, vraisemblablement du début du I^er s. av. J.-C. Dans l’angle formé par les deux branches, sur une plateforme située à un niveau supérieur, se trouve le temple fouillé par Sp. Marinatos en 1936 et la citerne dégagée la même année par P. Demargne. L’angle de l’agora contient les vestiges d’un accès monumental qui permet de passer de la place au temple. Au pied de cet escalier a été découvert un fragment d’inscription archaïque mentionnant la présence d’une tombe (fig. 3). Sous les degrés méridionaux, deux puits comblés, antérieurs à la citerne située quelques mètres plus au Sud, ont été découverts. Ils sont datés de l’époque archaïque. La campagne 2013 a renouvelé complètement la compréhension de l’ensemble monumental de l’agora.

Dans la zone 5, sur la pente Nord du site, on a poursuivi le dégagement de la grande maison hellénistique découverte en 2010 (fig. 4-5). Les conditions d’exploration étaient particulièrement difficiles en raison de la pente, de la végétation abondante et de la masse considérable des pierres provenant de l’effondrement de la maison. Le plan complet a été reconnu : il s’agit d’un grand quadrilatère de trente mètres sur trente, divisé en pièces régulières dont le centre a été perturbé par l’installation d’un four à chaux à une époque récente (XIX^e s.) : ce dernier a réutilisé la citerne antique dont il a protégé la couverture d’origine. Seules les pièces à l’Ouest ont pu être fouillées en 2010-2011 et 2013 en raison de l’encombrement provoqué par les blocs de taille souvent considérable tombés des murs. Dans la pièce le plus au Sud les murs sont conservés sur deux mètre trente de hauteur. En 2013 la moitié d’une pièce magasin et la seconde moitié d’une pièce de réception ont été dégagées (fig. 6). Munie d’un sol dallé, d’un caniveau couvert, d’un foyer central et de deux bases de colonne, cette dernière a livré peu de matériel, mais significatif : des fragments d’amphore et de canthares à vernis noir. La pièce magasin dont on a commencé le dégagement a livré, entre autres, cinq pithoi entiers dont un avec un décor en relief de style orientalisant et plusieurs vases de céramique fine. Le matériel est en cours d’étude.

Il ne fait pas de doute maintenant que l’époque hellénistique a été une phase importante de l’histoire de Dréros. Mal connue en Crète de l’Est, cette phase paraît riche et décisive dans l’histoire du site qui était connu jusqu’ici surtout comme un centre d’époque archaïque.