PALAIKASTRO. – Roussolakkos - 1988
Palaikastro, Roussolakkos
En 1988 J. A. MacGillivray et L. H. Sackett ont complété la fouille du bâtiment 1 et poursuivi celle des constructions adjacentes à l'Ouest et au Sud : bâtiments 3, 4 et 5 (fig. 1,3).
1) Bâtiment 1. — Les limites et le plan intérieur du bâtiment MR I sont désormais clairs, mais les effets de l'érosion et de la réoccupation MR II-IIIA rendent difficile l'interprétation de sa fonction originelle. Aux vestiges du bâtiment MM IIIB-MR IA sous-jacent étaient associés des scories de cuivre et des fragments de revêtement de four, qui attestent pour la première fois de façon directe l'existence d'une métallurgie du cuivre, en Crète, à cette époque. Les niveaux de réoccupation MR II-III ont livré des traces d'activités domestiques (stockage, broyage, cuisson) et religieuses (v. BCH 112 [1988] Chron., p. 682).
2) Bâtiment 3. — Cet édifice plus ancien, dont l'appareil en gros blocs de calcaire contraste avec les fines assises de grès du bâtiment 1, a lui aussi été dégagé sur toute sa superficie, mais c'est seulement dans la partie Sud que le sol MR ΙΒ a été atteint ; ailleurs une série de petites pièces, de corridors et de bouchements témoignent des remaniements successifs effectués pendant la réoccupation du MR III. Des tessons errants, dont un fragment de gobelet éphyréen, prouvent que ce secteur au moins fut réoccupé dès le MR II. La construction de l'édifice est datée par la céramique du MM III, son utilisation et sa destruction (par un tremblement de terre ?) du MR ΙΒ (fig. 2). Des traces d'activités domestiques (cuve à huile, meules, foyer) ont été mises en évidence dans le niveau de destruction, qui a aussi produit de la céramique fine, dont une cruche en style marin tombée de l'étage (fig. 4).
3) Bâtiment 4. — L'édifice qui jouxte le bâtiment 1 à l'Ouest a été fouillé jusqu'au niveau des sols de réoccupation. Construit en gros blocs de calcaire jaune, il est contemporain du bâtiment 3 et son histoire est parallèle : destruction (par un séisme ?) au MR IA, puis réaménagement et destruction par le feu au MR IB, réoccupation au MR III et nouvelle destruction par un séisme au MR IIIA2-B. Le plan intérieur, qui est souvent le résultat de remaniements, comporte un escalier près de l'entrée au Sud, une salle à deux piliers ouvrant sur une cour bordée de magasins sur deux côtés, et un ensemble de trois pièces à usage domestique ou artisanal. Parmi les trouvailles, la plus ancienne est un sceau hiéroglyphique (fig. 6), découvert sous un sol MR I. On mentionne aussi un important lot de vases MR III A2-B qui comptait notamment une grande jarre piriforme décorée (fig. 5). Une figurine en terre cuite aux bras repliés, associée à une plate-forme en pierre (?), peut suggérer la présence d'un sanctuaire domestique.
4) Bâtiment 5. — Du complexe architectural situé immédiatement à l'Ouest du bâtiment 3 on n'a encore fouillé qu'une petite partie : l'entrée à degrés, qui menait de la « place » centrale à un corridor pavé, et un ensemble de pièces de stockage, dont l'exploration avait été commencée en 1987. Cet édifice fut, semble-t-il, accolé au bâtiment 3 après la destruction du MR IA. Il devait comporter initialement une vaste salle ouverte à colonnade, qui fut plus tard compartimentée à l'aide de cloisons en brique crue ; celles-ci furent détruites par un incendie dès le MR IB, peu de temps après que l'édifice eût été pillé. Seuls deux de ces compartiments contenaient des dépôts de matériel MR IB. L'un d'eux a notamment livré des tasses-rhytons, des cruches, une jarre à étrier décorée, des outils en bronze, deux colonnes en ivoire inachevées et trois empreintes de sceau dont l'une représente une scène de chasse ou le Maître des animaux (fig. 7). Ces trouvailles, qui s'ajoutent à celle des fragments de statue chryséléphantine enregistrée l'an dernier, suggèrent que l'on n'a pas affaire ici à une simple maison.
5) Place centrale et rue. — La place qui se trouve au contact des bâtiments 1, 3, 4 et 5 a été entièrement dégagée (fig. 8). Elle mesure 8 x 10 m. Sous les décombres qui la recouvraient (parmi lesquels des fragments d'encadrements de fenêtre en grès) on a retrouvé plusieurs fragments de la statue chryséléphantine : la tête en serpentine grise finement incisée (fig. 9), les deux yeux en cristal de roche, un sourcil et une oreille en ivoire, la partie supérieure du dos avec le cou et les goujons pour l'attache de la tête, et deux pieds en ivoire avec trous de goujons (fig. 10). La statuette ainsi partiellement complétée (fig. 11), haute, à l'origine, d'une quarantaine de centimètres, apparaît comme l'un des chefs-d'œuvre de l'art minoen. L'étude de la dispersion de ses fragments indique qu'elle se trouvait presque sûrement dans une pièce située à l'étage du bâtiment 5. Les premières hypothèses sur son identification (divinité masculine, voire Zeus) ont été formulées par les fouilleurs dans la revue Archaeology 42 (1989), fasc. 5, p. 26-31, tandis qu'un rapport détaillé sur la campagne de 1987 est paru dans le BSA 83 (1988). p. 259-282.
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