SIKYON SURVEY PROJECT - 2006
Informations Générales
Numéro de la notice
107
Année de l'opération
2006
Chronologie
Mots-clés
Édifice Public - Autel - Basilique - Temple - Théâtre - Fortification - Canalisation - Puits - Maison - Mosaïque - Édifice religieux - Établissement de spectacles - Établissement sportif - Installation hydraulique - Stade - Habitat
Nature de l'opération
Institution(s)
Localisation
Toponyme
Sikyonia
Sikyonia
Notices et opérations liées
Description
Le site de Sicyone (Vasiliko) fait l’objet, depuis 2004, d’une exploration de surface systématique par une équipe pluridisciplinaire du département d’histoire, d’archéologie et d’anthropologie sociale de l’université de Thessalie, sous la direction de Y. Lôlos, en collaboration avec l’université de York, l’institut d’études méditerranéennes de Crète et l’éphorie des antiquités préhistoriques et classiques de Volos, avec la participation d’étudiants de Grèce, de Grande-Bretagne et des USA. Le projet, s’il n’intègre pas de fouilles, n’en est pas moins très ambitieux, puisqu’il prévoit une étude de la présence et de l’activité humaines sur le site de la cité antique, sous la forme (1) d’un survey portant sur les 200 ha environ du plateau, (2) de prospections géophysiques pour repérer les vestiges non visibles, (3) d’une recherche géo-archéologique destinée à reconstituer l’évolution géologique de la région en y intégrant les effets de l’activité humaine sur l’environnement, (4) d’une enquête écologique, (5) d’une analyse architecturale et anthropologique du village de Vasiliko sis à l’angle Sud-Est du plateau, et (6) d’une étude des vestiges liés à l’occupation ottomane. Nous synthétisons ici les trois campagnes, de 2004 à 2006, sur base des rapports qui nous en sont parvenus. Pour les besoins du survey le plateau a été divisé en plusieurs zones (plateau supérieur, plateau Nord et plateau Sud notamment).
La faible densité des tessons récoltés en surface révèle que le plateau supérieur (fig. 1), dans sa partie occidentale, était réservé essentiellement à la culture et à l’élevage, avec de rares installations d’époque hellénistique, tandis que le nombre important de tuiles de type laconien ramassé en lisière du plateau a permis de localiser le chemin qui devait longer la muraille antique et l’une des portes, la seule repérée à ce jour, à 40 m de l’endroit où l’actuel chemin agricole qui mène à Tritaia quitte le plateau. Plusieurs canaux et des puits ont été repérés, qui devraient faciliter l’étude des modes d’exploitation des ressources hydrauliques offertes par le plateau. Celui-ci a connu plusieurs effondrements en périphérie (une importante fissure repérée en 2005 sur la pente Sud de Kokkinia annonce, du reste, un prochain effondrement de la zone dans les ravins de l’Asopos). De tels accidents expliquent l’absence de tout reste de la muraille antique en cette zone. Les trouvailles dans les zones septentrionale et orientale du plateau indiquent qu’elles devaient être occupées par des habitations proches mais non mitoyennes, sur le modèle d’Olynthe, dans ce qui devait constituer un quartier riche de la cité, comme il ressort des restes de mosaïques qu’on y a découverts. Pour l’essentiel les tessons récoltés datent des époques hellénistique et romaine.
Au-dessus de la cavea du théâtre les restes d’un petit temple avec pronaos ont été identifiés, auquel on peut rapporter les fragments de corniche et de frise dorique trouvés à proximité. Il devrait s’agir du temple de Tychè ou des Dioscures que Pausanias situe à cet endroit.
Sur le plateau Sud, de nouveau à la lisère du plateau, la muraille a pu être localisée grâce à la découverte de tuiles et de nombreux blocs, mais on notera aussi, dans la même zone, l’embouchure d’un canal souterrain qui se déversait dans la vallée de l’Asopos et des ateliers de potiers d’où sont notamment sorties des amphores du type Dressel IB (IIe-Ier s. av. J.-C.). Diverses trouvailles (notamment des pesons, fragments de lampes et monnaies) complètent la récolte, ainsi que le chapiteau d’une double demi-colonne ionique, qui ressemble beaucoup à ceux de la palestre de l’agora, et des fragments de fûts doriques. Plusieurs puits et des murs ont aussi été repérés.
Sur le plateau Nord, entre la muraille et la zone habitée, une bande libre de toute construction devait correspondre à un chemin périphérique ; au-delà l’occupation était sporadique, avec des habitations au milieu de zones cultivées. À mesure, toutefois, que l’on approche du village actuel les traces d’occupation s’intensifient (7 puits repérés en 2005), y compris pour l’époque byzantine, et avec elles les trouvailles intéressantes (enduits de mur peints, scories…, un fragment de colonne dorique abandonné là par un engin mécanique).
En 2006 a été entamée la caractérisation des tessons récoltés (40 pâtes ont été inventoriées, ainsi que des dizaines de profils d’époque hellénistique et romaine) et entreprise la cartographie de tous les restes antiques disséminés dans le village de Vasiliko : 300 propriétés ont été passées au peigne fin, des centaines de vestiges inventoriés, la plupart des blocs retrouvés provenant essentiellement du théâtre et de la muraille, mais aussi d’édifices antiques repérés pour la première fois.
La prospection géophysique (par mesures magnétiques et électriques, en recourant notamment au Multiplexer) s’est d’abord concentrée dans le secteur Nord-Ouest de l’agora antique, au Sud des thermes romains et autour du temple, où l’on a repéré d’abondants vestiges : un imposant péristyle, dont l’un des côtés, constitué d’un portique large de 7-8 m et long d’env. 62 m paraît circonscrire un édifice rectangulaire de 10 x 6 m, en lequel on pourrait voir ou le sanctuaire de Dionysos ou celui d’Artémis, l’un et l’autre signalés par Pausanias sur l’agora en un lieu proche du théâtre. Une autre importante découverte est une petite basilique à triple nef (30 x 18 m) qui en raison de ses dimensions réduites paraît dater de l’époque byzantine plutôt que paléochrétienne. Le recours au géo-radar et à la prospection électrique ont permis d’en préciser la stratigraphie (les fondations ne descendent pas à plus de 1,6 m et plusieurs phases sont décelables). Deux portiques ont encore été localisés, l’un à l’Est de la basilique, l’autre au Nord du péristyle, ce dernier limitant probablement l’agora de ce côté, ainsi qu’un bâtiment rectangulaire de 12 x 15 m au Nord du théâtre et plusieurs tronçons de rues. Entre la basilique et le portique qui en est proche a peut-être été retrouvée la fondation de l’autel principal. Cette importante moisson a été complétée, en 2006, d’un relevé topographique par l’Institut d’études méditerranéennes, au moyen de GPS et station géodésique, de tous les vestiges visibles et fouillés de l’agora antique.
En 2006, l’équipe de York a encore repéré et levé sur le plateau supérieur un édifice carré de 10 m de côté, sur le plateau nord plusieurs croisements de rues, un édifice de 21 x 10 m et un cadastre délimitant des ilôts de 60 m de large, sur le plateau Sud, enfin, des restes de constructions carrées à péristyles, de grandes dimensions, et une rue d’une largeur de 6,5 m.
L’enquête géo-archéologique s’est employée à établir la stratigraphie géologique du secteur (différents sédiments du Pléistocène empilés sur des pétrifications marneuses du Pléiocène), à repérer les carrières antiques, à étudier les traces d’érosion à la périphérie du plateau et le réseau hydrologique (emplacement des puits et des sources notamment) au Nord du village, dans la partie Nord du plateau et à la périphérie de celui-ci. La sape des sédiments du Pléistocène est par endroits spectaculaire (extrémités méridionale et occidentale du plateau supérieur, notamment). Sur les plateaux inférieur et supérieur, qui appartiennent aux hauts plateaux marins observés tout le long de la côte Nord du Péloponnèse et qui prolongent vers l’Ouest le plateau de Corinthe, se localisent de nombreuses carrières antiques. Dix-sept ont été identifiées en 2004, desquelles doivent provenir l’essentiel des blocs antiques de l’agora, à l’exception notoire des marbres et des éléments en calcaire oolithique. L’analyse des traces visibles, en 2006, a livré de précieuses informations sur les méthodes d’extraction et la grandeur des blocs extraits. La morphologie précise du stade a été fixée : sa mise en place résulte d’un moyen terme entre un creusement partiel dans le sol et un aménagement artificiel dans la zone de départ. L’équipe s’est aussi appliquée à reconstituer la topographie antique, l’extraction et l’érosion ayant parfois modifié en profondeur le paysage, comme on peut le vérifier en comparant les courbes de niveau relevées dans le courant du XXe siècle avec celles établies actuellement, tandis que l’important ravinement observé en surface du plateau et sur ses pentes s’explique autant par la géologie du sous-sol que par l’urbanisation et l’intensification des cultures à époque moderne.
On notera enfin que toutes les observations réalisées confirment que le bâti est systématiquement aligné sur les quatre points cardinaux.
Auteur de la notice
Patrick MARCHETTI
Références bibliographiques
Rapport des travaux, non publié. Voir également le site web de Επιφανειακή Έρευνα Σικυώνος.
Légende graphique :
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Date de création
2009-11-30 00:00:00
Dernière modification
2024-02-15 08:10:30